En Australie, quelque 98 projets relatifs à l’hydrogène ont été lancés au cours des derniers mois. De nombreux concernent directement le futur marché d’exportation de ce vecteur énergétique. En effet, selon l’Agence australienne pour les énergies renouvelables, la demande d’hydrogène en Australie pourrait dépasser les 3 millions de tonnes par an d’ici à 2040.
L’Australie veut saisir l’opportunité de l’hydrogène
Dans un contexte de transition énergétique, les États cherchent à remplacer les matières premières fossiles. L’Australie ne fait pas exception à la règle, en tant que grand exportateur de charbon, de GNL et de pétrole brut. Elle souhaite changer sa position établie à travers le marché de l’hydrogène.
Cette tendance n’est pas récente, puisque les projets d’hydrogène émergent en Australie depuis une dizaine d’années. Cependant, la mise en place de la chaîne d’approvisionnement en énergie hydrogène (HESC) de Victoria en 2018 a encore favorisé cette dynamique. La première cargaison d’hydrogène liquide a par ailleurs été livrée au Japon en février dernier.
Cette cargaison a cependant fait l’objet de remarques ironiques des cyniques de l’hydrogène. En effet, elle ne transportait que 2,6 tonnes d’hydrogène liquide, alors que la capacité du navire était de 75 tonnes. De plus, l’hydrogène a bord aurait été créé par gazéification du charbon, renforçant encore les critiques. Pourtant, la HESC reste convaincue de pouvoir atteindre son statut commercial d’ici 2030. La production devrait avoir un prix compétitif et être à faible teneur en carbone, grâce à la capture et au stockage du carbone.
Des projets conséquents en conception
La base de données Hydrogen Production Assets de S&P Global Commodity Insights fournit quelques chiffres sur la production australienne d’hydrogène. Les capacités prévues de production d’hydrogène renouvelable et à faible teneur en carbone en Australie s’élèvent à environ 8 millions de tonnes par an.
Ainsi, sept centres d’hydrogène en sont actuellement au stade de la conception. Des « Mega-projets » voient aussi le jour, développés notamment par InterContinental Energy, visant à produire 3,5 millions de tonnes d’hydrogène renouvelable.
Le porte-parole de la stratégie nationale pour l’hydrogène du pays déclare :
« L’Australie est bien placée pour faire de l’hydrogène sa prochaine grande exportation », selon la stratégie nationale pour l’hydrogène du pays. « Nous disposons de toutes les ressources naturelles nécessaires pour le produire, d’une expérience dans la construction d’industries énergétiques à grande échelle et d’une réputation de partenaire éprouvé des plus grands importateurs d’énergie d’Asie. »
Les partenaires préférentiels de l’Australie
Avec ses projets de production d’électricité à l’hydrogène, le Japon est le principal marché cible de l’Australie. Ainsi, de nombreuses sociétés japonaises participent à des projets liés à l’hydrogène, tels que Japan Oil ou Mitsui & co. Le HESC permet de plus d’acheminer cette ressource de Victoria en Australie à Kobe, au Japon.
Cependant, l’Australie entretient également d’autres relations. Par exemple en juin 2021, l’Australie décide de financer l’incubateur d’innovation et de technologie de l’hydrogène conjointement avec l’Allemagne. L’Australie et Singapour ont également annoncé un partenariat de 30 millions de dollars australiens en 2021. Il devrait permettre d’accélérer le déploiement de carburants à faibles émissions et d’hydrogène propre.
Enfin, le port de Rotterdam et l’Australie occidentale ont signé un protocole d’accord en novembre 2021. Cet accord vise au développement d’une chaîne d’approvisionnement d’exportation d’hydrogène renouvelable.
Une dernière étape essentielle
La prochaine grande étape pour l’Australie sera la signature des premiers contrats d’achat d’hydrogène. Le 14 février, Port Anthony Renewables, dans l’État de Victoria, a lancé un appel à manifestation d’intérêt pour l’achat d’hydrogène renouvelable qui sera produit dans le port. Cette ressource pourra être expédiée à l’étranger dès 2025. De plus, HESC et InterContinental Energy déclarent être en pourparlers avec des acheteurs potentiels.
L’Australie vise un prix inférieur à 2 dollars australiens par kilogramme (1,43 dollar australien par kilogramme) pour l’hydrogène renouvelable. C’est bien inférieur aux niveaux actuels de plus de 5 dollars australiens par kilogramme.
Enfin, Fortescue et Airbus ont signé un protocole d’accord pour coopérer au développement de l’hydrogène en tant que carburant pour l’aviation. Il vise à mettre en service un premier avion à zéro émission d’ici 2035. Pour le secteur australien de l’hydrogène, il s’agit d’une grande victoire.