L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) pourrait éviter jusqu’à $2,3 milliards de pertes économiques à l’horizon 2040 en investissant entre $4 milliards et $10,7 milliards dans des réseaux électriques intelligents, selon un rapport publié par un institut indépendant spécialisé dans l’énergie.
Des investissements ciblés dans les économies à forte croissance
Le rapport identifie l’Indonésie, le Vietnam et les Philippines comme les marchés les plus exposés, en raison de la fréquence des pannes et de la demande énergétique croissante. À l’inverse, Singapour et la Malaisie, déjà engagés dans des stratégies de numérisation du réseau, servent de référence régionale. L’écart entre ces pays souligne la nécessité d’une approche collaborative pour homogénéiser les standards et les bonnes pratiques au sein du bloc.
À partir d’un seuil de $4 milliards, les investissements viseraient à déployer des compteurs intelligents et des dispositifs de contrôle automatisés. Un financement de $10,7 milliards permettrait d’atteindre un niveau d’optimisation avancé, intégrant stockage d’énergie, interconnexions transfrontalières et outils numériques prédictifs.
Un levier pour sécuriser l’approvisionnement et créer des emplois
Les réseaux intelligents permettraient de mieux équilibrer la production et la consommation en temps réel, grâce à l’intégration de capteurs, d’automatisation et de logiciels d’anticipation. Cette capacité à gérer la complexité croissante des systèmes énergétiques est essentielle pour absorber l’essor des énergies renouvelables sans compromettre la stabilité du réseau.
Le rapport évoque également un potentiel de création de 243 000 à 649 000 emplois dans les secteurs de l’ingénierie, des technologies de l’information, de la construction et de la maintenance. Ces retombées économiques s’ajouteraient à la réduction de l’usage de générateurs au diesel et à une meilleure qualité de l’air.
Des obstacles techniques et financiers à surmonter
Malgré des avancées notables entre 2015 et 2020, dont une réduction de 60 % de la durée et de la fréquence des coupures, la progression des réseaux intelligents reste limitée par des contraintes financières, un manque d’harmonisation technique et des engagements politiques inégaux.
La plupart des systèmes actuels fonctionnent encore selon des schémas rigides, peu compatibles avec les exigences de flexibilité des énergies intermittentes comme l’éolien ou le solaire. Des mesures comme les tarifs dynamiques ou la gestion active de la demande sont encore peu répandues.
Une coordination régionale pour accélérer la mise en œuvre
Plusieurs pays ont néanmoins lancé des initiatives pilotes, incluant des réponses à la demande, des dispositifs de réduction de la production excédentaire, ou encore des programmes de cybersécurité. Le rapport suggère que l’union des efforts nationaux avec des cadres de coordination régionale pourrait renforcer la mobilisation des financements et améliorer l’efficacité opérationnelle.
Carlos Kuriyama, directeur de l’unité de soutien aux politiques du Secrétariat de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC), a déclaré que « les réseaux intelligents sont essentiels pour répondre à la croissance de la demande énergétique et à la complexité croissante des systèmes dans la région ».