L’Argentine est à la recherche d’autres sources d’approvisionnement en gaz. Il a en effet été durement touché par la hausse des coûts du gaz naturel liquéfié (GNL) liée au conflit en Ukraine. Cette augmentation risque de plonger l’Argentine dans un profond déficit commercial.
Un contrat en cours de négociation entre l’Argentine et la Bolivie
Quatre sources ont déclaré à Reuters que l’Argentine discutait actuellement avec la Bolivie afin de trouver un accord sur le GNL. Par ailleurs, cette information est confirmée par une source gouvernementale argentine :
« L’Argentine négocie avec la Bolivie un très gros contrat d’importation de gaz, car le pays s’attend à un hiver plus froid que d’habitude ».
Cette même source a ajouté que les importations pourraient atteindre 18 millions de mètres cubes par jour au cours des prochains mois. Cela représente plus du double des niveaux d’importations actuels en provenance de Bolivie. Ils s’élevaient en effet à 14 millions de m3 par jour au cours de l’hiver dernier. L’accord inverserait également la tendance à la baisse des importations en provenance de Bolivie.
Des détails encore inconnus
Une deuxième source gouvernementale argentine et une source industrielle ayant une connaissance directe des discussions se sont exprimées. Ils ont déclaré que l’accord qui visait à augmenter les importations de GNL de Bolivie était soumis à des négociations avec le Brésil. L’accord porterait visiblement sur la période hivernale de 3 mois.
La source industrielle a déclaré que les pourparlers tournaient autour de 16 millions de m3. C’est moins que le chiffre officiel du gouvernement. De plus, le secrétariat à l’énergie de l’Argentine s’est refusé à tous commentaires. De la même manière, la firme publique bolivienne YPFB n’a prévu aucune déclaration à ce sujet. Le gouvernement bolivien n’a pas non plus souhaité s’exprimer pour le moment.
Le GNL de Bolivie particulièrement prisé
Cette année, les prix du GNL ont grimpé à des niveaux records. L’invasion de l’Ukraine et les sanctions occidentales qui en ont découlé en sont la principale cause. Les pays d’Amérique latine se démènent pour sécuriser leur approvisionnement énergétique.
L’Argentine a récemment approuvé la construction d’un gazoduc à partir de la formation de schiste de Vaca Muerte. Elle espère ainsi augmenter considérablement la production nationale. Cependant, le pipeline ne sera pas mis en service avant la fin de 2023. Il est donc nécessaire pour l’Argentine de trouver une solution à court terme. Le pays espère justement compter sur les importations en provenance de Bolivie pour assurer sa sécurité énergétique.
Une troisième source gouvernementale déclare :
« Nous travaillons depuis des mois et continuons à travailler sur la question, ayant été en contact avec nos homologues boliviens depuis un certain temps, avant même que la question ukrainienne ne se pose ».
Cette personne a ajouté que les détails seraient probablement révélés jeudi, lors d’une réunion prévue entre le président argentin et le président bolivien.
Cependant, Emilio Apud, ancien secrétaire argentin à l’énergie s’est montré sceptique quant à l’ampleur de l’accord. Il estime qu’il n’est possible que si le Brésil, principal acheteur du gaz bolivien, ne renonce à une partie de la part convenue.
La Bolivie en manque de ressources ?
Le ministre argentin de l’économie, Martin Guzman, devrait se rendre au Brésil plus tard dans la semaine. Il rencontrera notamment le ministre de l’énergie, Bento Albuquerque. Ce dernier a déclaré récemment :
« Pour l’instant, le ministère des mines et de l’énergie ne s’attend pas à ce que le Brésil demande moins de gaz à la Bolivie. »
Emilio Apud a récemment qu’un manque de gaz pendant l’hiver pourrait entraîner des coupures de gaz pour les entreprises argentines. Selon lui la Bolivie n’a pas assez de gaz à exporter pour satisfaire les besoins des deux pays.
Cependant, une source ayant connaissance des pourparlers semble plus optimiste. Selon elle, le Brésil serait prêt à autoriser une partie de son quota de gaz bolivien à être redirigé vers l’Argentine. Il précise :
« Avant la pandémie, il était question que la Bolivie fournisse 10 millions de m3 en hiver. Maintenant, avec cette situation, on dit qu’elle peut fournir 14 millions de m3. Certains optimistes avancent même le chiffre de 18 millions de m3 ».
Il évoque de fortes pluies qui auraient très largement favorisé la production d’énergie hydroélectrique au Brésil.