L’Amérique latine commence à se tourner massivement vers l’exploitation de ressources pétrolières et gazières non conventionnelles, selon une récente analyse de Wood Mackenzie. Le rapport identifie deux pays en tête de ce virage stratégique : l’Argentine, avec des projets déjà en développement, et le Mexique, qui amorce une phase de concertation technique et politique.
Vaca Muerta consolide la stratégie argentine
L’Argentine a concentré ses efforts sur la formation de Vaca Muerta, qualifiée par Wood Mackenzie de plus grand projet de pétrole de schiste hors d’Amérique du Nord. Le pays ambitionne d’atteindre un volume d’exportation de un million de barils par jour d’ici 2027, ce qui motive d’importants investissements dans les infrastructures de transport.
Le site du North Hub dans la région de Vaca Muerta produit actuellement 27 000 barils par jour. Cette zone présente un potentiel de croissance de 280 000 barils par jour, à condition d’augmenter la capacité des pipelines. Selon Adrian Lara, analyste principal chez Wood Mackenzie, cette région pourrait représenter jusqu’à un tiers de la production de Vaca Muerta à moyen terme, si les zones encore inexplorées sont mises en exploitation et si des accords sont conclus sur les désengagements envisagés par TotalEnergies et Equinor.
Le Mexique structure sa réflexion autour des gisements non conventionnels
De son côté, le Mexique vise une production de 1,8 million de barils par jour de pétrole et 5 milliards de pieds cubes de gaz par jour d’ici 2030. Ces objectifs, jugés ambitieux, pourraient difficilement être atteints avec les seules ressources conventionnelles, selon les experts de Wood Mackenzie.
La formation d’Agua Nueva, équivalente au gisement Eagle Ford aux États-Unis, est identifiée comme la zone la plus prometteuse pour le gaz de schiste mexicain. Cette formation pourrait produire jusqu’à 2,5 milliards de pieds cubes de gaz par jour dans un scénario optimiste. Toutefois, les volumes extraits à ce jour restent modestes.
Un développement conditionné par les capacités industrielles
Le principal frein au développement de cette filière au Mexique reste l’absence de chaîne logistique spécialisée, combinée à un déficit d’infrastructure. Ismael Hernandez, analyste chez Wood Mackenzie, note que le pays devra d’abord sécuriser les financements et les capacités industrielles nécessaires avant d’envisager une mise en production à grande échelle.
L’Argentine et le Mexique perçoivent ces ressources comme une opportunité de renforcer leur sécurité énergétique, de répondre à la demande intérieure et d’augmenter leurs revenus à l’exportation. Le développement de Vaca Muerta constitue un précédent régional qui pourrait influencer les décisions politiques mexicaines.
Selon Josh Dixon, analyste principal chez Wood Mackenzie, la réussite de cette orientation dépendra de plusieurs facteurs, dont l’investissement, l’évolution technologique et la mise en place de cadres réglementaires adaptés.