L’Angola, deuxième plus grand producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, a récemment fait des vagues sur la scène internationale en se retirant de l’OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole). Cette décision est intervenue après un conflit d’un mois sur les révisions de son quota de production, qu’Angola considérait comme un frein à l’investissement essentiel dans son secteur amont. Les premiers signes de relance de la production sont apparus en mars, avec une production remontant d’un creux de quatre mois à 1,13 million de b/j, comparé à environ 1,11 million de b/j en février, selon l’ANPG (Agence Nationale de Pétrole, Gaz et Biocombustibles).
Impact sur les marchés asiatiques
En tant que deuxième plus grand fournisseur de brut pour l’Asie, derrière le Moyen-Orient, l’Angola joue un rôle crucial dans la stratégie d’approvisionnement de la région. Les pays asiatiques, en particulier la Chine, l’Inde, la Corée du Sud et la Thaïlande, sont particulièrement sensibles aux fluctuations de la production angolaise. La Chine, qui reçoit 80% de la production de pétrole angolais, voit dans le retrait de l’OPEP une opportunité pour stabiliser et potentiellement augmenter ses importations. En Inde, les importations de pétrole africain ont atteint un creux historique en 2023, à seulement 4% de leur panier total d’importations, en partie à cause de la disponibilité accrue de pétrole russe à prix réduit.
Opportunités et défis
La sortie de l’OPEP devrait théoriquement permettre à l’Angola d’attirer plus d’investissements dans son secteur amont, essentiels pour inverser la tendance à la baisse de la production observée depuis 2010, souligne un analyste basé à Londres.
« Quitter l’OPEP peut aider l’Angola à attirer des investissements en amont, mais à court terme, il est peu probable que nous voyions une augmentation notable des approvisionnements vers la Chine, car la Chine capte déjà 80 % de la production angolaise. »
Cependant, les défis ne manquent pas. L’infrastructure vieillissante et le manque d’activité exploratoire ont entravé la capacité de l’Angola à maintenir, et encore moins à augmenter, ses niveaux de production. De plus, le départ des compagnies internationales de pétrole, principalement des bassins matures et des champs en Afrique de l’Ouest, complique davantage la situation.
Répercussions régionales et globales
Le pétrole angolais, principalement de grades légers et sucrés comme Girassol, Cabinda et Dalia, est très demandé en Asie en raison de sa qualité supérieure qui s’adapte bien aux configurations des raffineries locales. La capacité accrue de l’Angola à produire et exporter sans les contraintes des règles de l’OPEC pourrait transformer de manière significative la sécurité de l’approvisionnement en pétrole en Asie. Cela est particulièrement pertinent pour les raffineurs thaïlandais et sud-coréens qui ont exprimé un regain d’intérêt pour sécuriser des contrats à long terme avec l’Angola, vue la stabilité prévue de l’offre.
L’initiative de l’Angola de se retirer de l’OPEP marque un tournant potentiel pour la dynamique du marché pétrolier en Asie. En augmentant sa production et en offrant plus de flexibilité à ses acheteurs asiatiques, l’Angola ne stimule pas seulement son économie locale mais contribue également à une plus grande stabilité dans l’approvisionnement en pétrole de l’Asie. Cependant, l’impact à long terme de cette décision dépendra de la capacité de l’Angola à surmonter ses défis internes et à attirer les investissements nécessaires pour maintenir une trajectoire de production ascendante.