La Chine, principal consommateur mondial de charbon, intensifie ses efforts pour intégrer l’ammoniac vert dans ses centrales à charbon. Cette initiative vise à réduire les émissions de CO₂, une nécessité urgente face aux défis climatiques actuels. L’utilisation de l’ammoniac vert comme combustible de substitution représente une avancée significative dans la décarbonation des sources d’énergie traditionnelles.
Développement des projets d’ammoniac vert
D’après les données de S&P Global Commodity Insights, 26 projets d’ammoniac vert sont prévus en Chine d’ici 2026, totalisant une capacité annuelle de 4,3 millions de tonnes. Ces projets se concentrent principalement en Mongolie intérieure et dans le nord-est du pays. La National Development and Reform Commission (NDRC) de Chine propose un mélange de carburant incluant plus de 10 % de biomasse et d’ammoniac vert, visant à réduire l’intensité carbone des centrales à charbon de 20 % d’ici 2025 et de 50 % d’ici 2027 par rapport aux niveaux de 2023.
L’objectif ambitieux de réduire de moitié les émissions nécessite une capacité annuelle de 200 millions de tonnes d’ammoniac vert si la Chine impose un remplacement de 10 % du charbon dans toutes ses centrales actuelles. Cependant, l’option de capture et de stockage du carbone (CCS) pourrait permettre de réaliser cet objectif à moindre coût, selon Anri Nakamura, analyste principal chez Commodity Insights.
Enjeux et perspectives du marché de l’ammoniac vert
Malgré ces avancées, le coût élevé de l’ammoniac vert par rapport au charbon reste un défi majeur. Nakamura souligne que le prix de l’ammoniac pourrait dissuader les producteurs de rester sur le marché intérieur sans subventions gouvernementales significatives. Subventionner l’industrie des engrais pour stimuler la production d’ammoniac vert pourrait être une solution plus économique pour le gouvernement.
Yu Han, directeur de la transition charbonnière chez Energy Foundation China, considère l’annonce de la NDRC comme un premier pas crucial vers la transition énergétique du charbon. Toutefois, l’utilisation de l’ammoniac vert sera probablement limitée aux régions avec un potentiel élevé de réduction du vent et du solaire, car la politique actuelle privilégie l’innovation et l’amélioration des technologies à faibles émissions plutôt qu’un mélange obligatoire de carburants.
Les ambitions d’exportation
Malgré les initiatives visant à promouvoir l’ammoniac vert en Chine, les producteurs se tournent principalement vers les marchés d’exportation. La demande intérieure reste incertaine, notamment en raison des coûts supplémentaires pour les agriculteurs et des répercussions possibles sur les prix alimentaires. En revanche, des marchés comme le Japon et la Corée du Sud montrent un intérêt accru pour l’ammoniac vert, notamment pour des projets de co-combustion et de production d’énergie propre.
Le Japon prévoit d’utiliser 3 millions de tonnes d’ammoniac d’ici 2030, avec des tests de co-combustion déjà en cours. La Corée du Sud a lancé une enchère pour échanger de l’électricité produite à partir d’hydrogène propre et ses dérivés, y compris l’ammoniac. Platts, une division de Commodity Insights, a évalué le prix de l’ammoniac à faible teneur en carbone pour le Japon et la Corée à 470 $/mt CFR le 23 juillet.
L’intégration de l’ammoniac vert dans les stratégies de décarbonation des centrales à charbon en Chine représente un tournant majeur vers une énergie plus propre. La demande internationale croissante pour des solutions énergétiques durables pourrait offrir de nouvelles opportunités aux producteurs chinois, renforçant ainsi leur position sur le marché mondial.