Le chancelier allemand Friedrich Merz a appelé à une adaptation de la réglementation européenne interdisant la vente de véhicules thermiques neufs à partir de 2035, une échéance qu’il juge difficilement atteignable dans les conditions actuelles. Il a formulé cette demande lors de l’inauguration du salon international de l’automobile de Munich, soulignant la nécessité d’une approche « intelligente, fiable et souple » de la transition énergétique dans le secteur automobile.
Les principaux constructeurs allemands, dont Bayerische Motoren Werke (BMW), Mercedes-Benz Group et Volkswagen AG, ont relayé des préoccupations similaires. Oliver Blume, président du directoire de Volkswagen AG, a déclaré que l’objectif de 2035 n’était « pas atteignable » sans ajustements annuels, demandant l’introduction de « clauses de revoyure » pour évaluer les progrès du secteur. Le groupe Stellantis NV, maison-mère de Peugeot et Fiat, a également exprimé ses doutes quant à la faisabilité du calendrier fixé par la Commission européenne.
Les groupes allemands redoutent une perte de compétitivité
La concurrence croissante des fabricants chinois, particulièrement visibles au salon de Munich, alimente les inquiétudes. Des entreprises comme BYD Co. Ltd. ont présenté des modèles abordables déjà disponibles sur le marché européen, comme la Dolphin Surf commercialisée autour de €20.000 ($21.440), avec une production prévue en Hongrie d’ici fin 2025 pour contourner les droits de douane. Cette offensive commerciale accentue la pression sur les constructeurs européens en pleine mutation technologique.
En réponse, Volkswagen AG prévoit de lancer en 2026 une nouvelle gamme de véhicules d’entrée de gamme à moins de €25.000 ($26.800), via ses marques Volkswagen, Cupra et Skoda, visant à capter 20% du marché européen des petites voitures électriques. L’entreprise allemande a également annoncé une réduction de 35.000 postes d’ici 2030, dans un contexte de restructuration accélérée.
Un secteur stratégique en mutation rapide
La transition vers la mobilité électrique, bien qu’engagée, reste lente. Le rythme actuel des ventes de véhicules électriques ne permet pas, selon les industriels, de garantir un basculement total d’ici 2035. Les acteurs du secteur demandent des décisions technologiques ouvertes, insistant sur la rentabilité et la neutralité vis-à-vis des solutions technologiques, qu’il s’agisse de batteries ou de carburants synthétiques.
L’Allemagne a vu son industrie automobile perdre plus de 50.000 emplois sur un an, selon des données du cabinet Ernst & Young, sur un total d’environ 800.000 postes. Ce recul intervient dans un climat de tension sociale pour de nombreuses entreprises, dont Porsche AG, Audi AG et de multiples sous-traitants, confrontés à des plans de licenciement et des arrêts de production sur le territoire allemand.
Une concertation prévue pour relancer l’industrie
La chancellerie prévoit une concertation nationale rassemblant régions, syndicats et industriels afin de définir les conditions d’un maintien du leadership allemand dans le secteur automobile mondial. Le gouvernement souhaite éviter une marginalisation industrielle face à des pays comme la Chine, désormais mieux positionnés sur les segments de marché stratégiques en matière de véhicules électriques à bas coût.
L’absence de Tesla Inc. au salon de Munich, alors que l’entreprise était présente en 2023, illustre les changements d’équilibres sur le marché européen. Le constructeur américain a vu ses ventes baisser de 43% au premier semestre, fragilisé par des controverses politiques entourant son dirigeant Elon Musk.