La consommation de gaz naturel pour la production d’électricité en Allemagne a atteint son niveau le plus élevé depuis 2021, compliquant la reconstitution des réserves de gaz sur le continent. Cette tendance fragilise la sécurité d’approvisionnement régionale alors que la demande saisonnière s’apprête à culminer.
Le recul des énergies renouvelables alimente la demande de gaz
Selon les données de London Stock Exchange Group (LSEG), la production électrique allemande issue de centrales à gaz a totalisé 41,6 térawattheures entre janvier et octobre 2025, soit une hausse de 15 % par rapport à la même période en 2024. Cette progression résulte principalement d’une baisse prolongée de la production issue de l’éolien et de l’hydroélectricité, en raison de conditions climatiques peu favorables.
La part du gaz dans le mix énergétique national s’est établie à 19 % sur les dix premiers mois de l’année, contre 15 % en 2022. L’Allemagne, anciennement principal importateur de gaz russe, a partiellement compensé la perte de cet approvisionnement par des importations accrues de gaz naturel liquéfié (GNL), à un coût plus élevé.
Des stocks insuffisants pour la période hivernale
Les réservoirs de stockage allemands sont actuellement remplis à hauteur de 86 %, un niveau inférieur à la moyenne des trois dernières années, qui s’établissait à 108 % à la même période. Cette faiblesse pèse sur l’ensemble de l’Union européenne, l’Allemagne représentant près d’un quart de la capacité de stockage de gaz du continent.
À l’échelle européenne, les réserves atteignent seulement 83 %, contre une moyenne de 96,5 % à ce stade de l’année depuis 2022. Ce déficit pourrait amplifier la volatilité des prix sur le marché de l’électricité si la demande dépasse les capacités de production actuelles.
Des prévisions défavorables pour l’éolien en novembre
Les projections de LSEG anticipent une production éolienne inférieure de 45 % à la normale jusqu’au 18 novembre. Cette tendance augmente la probabilité d’un recours prolongé au gaz, en l’absence d’un soutien renouvelable suffisant pour répondre à la demande de pointe hivernale.
La production éolienne sur les dix premiers mois de 2025 a diminué de 4 % par rapport à l’année précédente. Dans le même temps, la production combinée des installations éoliennes et hydroélectriques a reculé de 7 %, atteignant son plus bas niveau depuis 2022.
Une pression persistante sur les importations gazières
Pour compenser la faiblesse de l’offre renouvelable, les producteurs allemands ont également accru le recours au charbon, dont la production a augmenté de 4 % sur un an. L’ensemble de la production issue des énergies fossiles a progressé de 6 %, selon les relevés de LSEG.
Bien que les prévisions à long terme suggèrent un retour progressif à des niveaux moyens de production éolienne d’ici le printemps 2026, l’incertitude demeure sur la capacité du parc renouvelable à stabiliser l’offre énergétique. Une nouvelle période prolongée de faible production éolienne pourrait contraindre les opérateurs à puiser davantage dans les réserves de gaz, accentuant les tensions sur le marché.