L’Allemagne, en quête d’indépendance énergétique et d’une décarbonation rapide de son économie, a lancé une initiative majeure pour construire un réseau national de transport d’hydrogène vert. Ce projet, financé par la banque publique KfW à hauteur de 24 milliards d’euros, est présenté comme un pilier essentiel de la stratégie énergétique du pays.
Ce réseau, dont la mise en service complète est prévue pour 2032, comprendra 9 040 kilomètres de pipelines, reliant les 16 États fédéraux et leurs principales zones industrielles. L’objectif est de permettre une utilisation accrue de l’hydrogène produit à partir de sources renouvelables, considéré comme un substitut clé aux combustibles fossiles. Selon la KfW, cette infrastructure jouera un rôle déterminant dans le développement du marché de l’hydrogène vert, notamment pour les secteurs de l’industrie lourde et des transports.
Une Transition Financière Progressivement Adaptée
Le projet sera initialement soutenu par des taxes imposées aux utilisateurs du réseau, similaires à celles en vigueur pour le gaz et l’électricité. Cependant, dans un premier temps, seules quelques entreprises seront connectées à ce réseau, augmentant ainsi leur charge financière. Pour pallier cette difficulté, le gouvernement allemand a décidé d’intervenir en subventionnant ces utilisateurs précoces par le biais de la KfW. Cette aide sera progressivement réduite à mesure que le réseau gagnera en utilisateurs et en stabilité économique.
Hydrogène : Une Clé pour la Transition Énergétique Allemande
L’hydrogène vert est central dans les efforts de l’Allemagne pour remplacer les sources d’énergie traditionnelles. En effet, après la fermeture de son dernier réacteur nucléaire en 2023 et la planification d’une sortie définitive du charbon dans les années à venir, le pays doit faire face à un déficit de production énergétique. L’hydrogène, produit localement ou importé, pourrait fournir une alternative écologique et polyvalente.
Utilisé dans les industries de l’acier, du ciment et de la chimie, il permet de remplacer le charbon et le gaz, tout en réduisant les émissions de CO₂. En outre, il s’impose comme une solution pour le chauffage domestique, ainsi que pour les transports aériens et maritimes. Toutefois, la production locale d’hydrogène vert reste insuffisante pour couvrir les besoins croissants.
Défis d’Infrastructure et Importations Nécessaires
L’un des atouts du projet est l’intégration des infrastructures existantes. Environ 60 % des pipelines nécessaires utiliseront les anciens réseaux de transport de gaz naturel, réduisant ainsi les coûts et les délais de construction. Cependant, le reste du réseau devra être entièrement construit, pour un coût estimé à 19 milliards d’euros.
Pour compenser la production nationale limitée d’hydrogène vert, l’Allemagne prévoit d’importer une grande partie de cette ressource. D’ici 2032, treize points de connexion transfrontaliers seront opérationnels pour assurer l’approvisionnement. Cette dimension internationale souligne l’importance de partenariats énergétiques solides entre l’Allemagne et d’autres pays producteurs d’hydrogène.