La transition énergétique de l’Allemagne, référence européenne en matière de climat, connaît un ralentissement en 2024. Selon le rapport d’Agora Energiewende, les émissions de gaz à effet de serre (GES) ont baissé de seulement 3 %, contre une diminution record de 10 % en 2023. Ce ralentissement illustre les difficultés à maintenir un rythme constant dans la décarbonation des secteurs les plus énergivores.
Les chiffres montrent une réduction totale de 18 millions de tonnes d’équivalent CO₂ en 2024, permettant à l’Allemagne de dépasser ses objectifs climatiques nationaux. Toutefois, ce résultat est en grande partie dû à la performance exceptionnelle du secteur énergétique, tandis que d’autres secteurs peinent à évoluer.
Des secteurs en difficulté
Les transports et les bâtiments restent les maillons faibles de la transition allemande. Les émissions dans ces domaines n’ont pas connu d’améliorations notables en 2024. De son côté, le secteur industriel a enregistré une légère hausse de 2 % de ses émissions, mettant en évidence l’absence de réformes structurelles significatives.
La faible progression de la transition est imputée à une baisse des investissements dans des technologies respectueuses de l’environnement. Les ventes de pompes à chaleur, essentielles pour moderniser le secteur résidentiel, ont chuté de 44 % en 2024. Les immatriculations de véhicules électriques ont également diminué de 26 %.
Le secteur énergétique reste exemplaire
Malgré ces difficultés, le secteur de la production d’électricité continue d’afficher des progrès impressionnants. En 2024, les énergies renouvelables, telles que l’éolien, le solaire et la biomasse, ont représenté 59 % de la production totale d’électricité, contre 56 % l’année précédente.
La part du charbon dans le mix énergétique a chuté à moins de 23 %, confirmant une tendance encourageante. Cette transition est également marquée par la fin complète de l’énergie nucléaire en 2023. Ces résultats démontrent les effets positifs des politiques énergétiques menées ces dernières années dans ce secteur.
Un contexte politique tendu
À l’approche des élections législatives de février 2025, les débats autour du financement de la transition énergétique dominent la scène politique. Le chancelier sortant Olaf Scholz défend une augmentation des investissements publics pour soutenir les secteurs en difficulté. En revanche, son adversaire conservateur Friedrich Merz s’oppose à de nouvelles dépenses, mettant en avant la nécessité de réduire les coûts.
L’incertitude politique et économique freine également les initiatives des ménages et des entreprises, qui hésitent à investir dans des solutions durables. Les experts mettent en garde contre un potentiel rebond des émissions en cas de reprise économique dans des secteurs énergivores comme la chimie ou la sidérurgie.
Des objectifs européens en jeu
Malgré une réduction des émissions de 48 % par rapport à 1990, l’Allemagne n’a pas encore atteint l’objectif européen de 55 % de baisse d’ici 2030. Si les progrès dans le secteur énergétique témoignent d’une dynamique prometteuse, les efforts doivent s’intensifier dans les transports, les bâtiments et l’industrie pour éviter un retard stratégique.