L’Allemagne se tourne vers les importations de brut acide américain. Fortement dépendant du diesel russe, l’État allemand cherche des alternatives. Pour la première fois, un navire-citerne de brut acide américain a été livré en Allemagne, dans le port de Rostock.
L’Allemagne se veut prévoyante
Dans un contexte de sanctions mis en place par l’UE, les raffineurs allemands essaient de trouver des alternatives au brut russe. Ces derniers prévoient de se tourner vers des importations de bruts norvégiens, saoudiens, et américains. Ce faisant, l’Allemagne espère anticiper d’éventuelles coupures d’exportations de bruts russes.
De plus, l’Allemagne entend également anticiper l’arrivée prochaine de l’hiver. Jim Mitchell, responsable des analystes pétroliers pour les Amériques chez Refinitiv, a déclaré à ce propos:
« Le Mars a une teneur en distillat plus élevée que le WTI ou l’Eagle Ford. À l’approche de l’hiver, l’Allemagne va augmenter sa demande de distillats partout où elle peut en obtenir. »
Ces distillats se composent notamment de produits raffinés comme le diesel ou le gazole.
Le brut américain comme possible alternative
Ainsi, début août, le pétrolier Capricorn Sun a chargé du brut acide provenant de la plateforme offshore « Mars », au large de la Louisiane. Le navire s’est ensuite dirigé vers l’Europe, où il a déchargé sa cargaison dans le port de Rostock, en Allemagne. Cette cargaison comprenait environ 570.000 barils et le pétrolier a été affrété par Shell.
Jim Mitchell déclare à propos de ces importations américaines:
« Bien qu’il s’agisse de la première expédition de pétrole brut de Mars, il y a eu des expéditions de West Texas Sour (vers l’Allemagne) dans le passé, bien que peu nombreuses. »
Cependant, avec 77.000 bpj, l’Allemagne reste un acheteur mineur pour les États-Unis.
La raffinerie de PCK Schwedt
Ce brut américain doit ensuite être acheminé vers la raffinerie de PCK Schwedt, près de la frontière polonaise. La raffinerie a une capacité d’environ 233.000 barils par jour et servira à tester le pétrole brut non russe.
Paradoxalement, la société pétrolière d’État russe, Rosneft, détient la majorité de la raffinerie de PCK Schwedt. Alors que Shell et Eni possèdent, quant à eux, des participations minoritaires.
Rostock est également reliée à la raffinerie de Leuna de TotalEnergies et dont la production s’élève à 240.000 bpj. Les deux raffineries continuent de recevoir du brut russe Urals, qui est moyennement acide.
Le ministre allemand de l’économie, Robert Habeck a déclaré que l’Allemagne travaillait sur des solutions pour la raffinerie de PCK Schwedt. Ce qui signifie, entre autres, puiser dans les réserves nationales de pétrole et obtenir des livraisons de Rostock et Gdansk (Pologne).
De fait, l’Allemagne veut diversifier ses sources d’approvisionnement. Ainsi, comme la raffinerie de PCK Schwedt est la principale fournisseuse de Berlin, l’État allemand essaie de prendre le contrôle de l’usine.