La guerre en Ukraine bouleverse l’importation de GNL en Allemagne. Les incertitudes concernant l’approvisionnement par gazoducs russes, poussent l’Allemagne à lancer le deuxième niveau de son plan d’urgence gazier. Un niveau qui reflète sa vulnérabilité face à la diminution de l’importation de GNL russe. Ainsi, elle devient le premier pays européen à déclencher ce stade.
La guerre en Ukraine a des conséquences très lourdes sur le marché de l’énergie en Europe. La perturbation de l’importation de GNL de la Russie engage l’Allemagne dans une nécessité de déployer une nouvelle infrastructure. Ne possédant aucun terminal pour l’importation de GNL, Berlin se retrouve ainsi d’autant plus vulnérable aux réductions des livraisons russes.
La Russie, un acteur majeur sur le marché du gaz
La Russie possède encore un contrôle important sur le marché de l’énergie et le prix du gaz. Ainsi, la réduction des flux de NordStream à 40% a de lourdes conséquences sur les prix du gaz en Europe. L’inflation des tarifs du gaz se rapproche des sommets atteints.
Le 30 juin, le contrat néerlandais TTF a constaté une hausse de 70% durant juin et près de 330% durant l’année. Ainsi, Uniper annonce avoir « entamé des discussions avec le gouvernement allemand sur d’éventuelles mesures de stabilisation ». Ces mesures devraient être des garanties, des prises de participation ou encore l’augmentation de la facilité de crédit auprès de la KfW.
Pour pouvoir gérer sa demande, l’Allemagne a lancé des discussions avec le Qatar et le Canada afin de conclure des accords pour l’approvisionnement de GNL. Les services publics, tels qu’EnBW et RWE, vont, sur le long terme, se tourner vers l’importation de GNL américain.
Securing Energy for Europe, anciennement Gazprom Germania, est l’acteur principal pour l’importation de GNL en Allemagne et en Europe. Afin de contrer les effets de la réduction de livraisons russes, le gouvernement a dû prêter 10 milliards d’euros à cette dernière. Ainsi, cela va lui permettre d’acheter du gaz et de compenser le manque.
L’Allemagne cherche des solutions pour importer plus de GNL
Pour contrer cette tendance, quatre terminaux flottants pour l’importation de GNL et deux sites terrestres sont prévus en Allemagne. Avec l’approbation en mai d’une loi visant à accélérer l’autorisation ainsi que la construction de nouveaux terminaux, le gouvernement allemand espère pouvoir exploiter deux Floating Storage Regasification Unit (FSRU) avant la fin de 2022.
Grâce à Uniper ainsi qu’à RWE, l’Allemagne va pouvoir lancer quatre FSRU. En revanche, la préparation des sites de raccordement des navires peut prendre du temps. Ainsi, les FSRU de Wilhelmshaven et de Brunsbuttel devraient être exploitables avant la fin de cette année.
Timm Kehler, président et directeur général de Zukunft Gas, déclare:
« Jusqu’à présent, nous ne connaissons qu’un seul de ces terminaux GNL flottants, celui de Wilhelmshaven, pour avoir une perspective de réalisation claire. »
Une situation qui rend le marché instable
La situation géopolitique actuelle présente des incertitudes majeures. De ce fait, l’IEA met en garde l’Europe. La recherche d’alternative pour remplacer le gaz russe et la capacité limitée d’exportation de GNL vont pérenniser les tensions sur le marché.
Afin d’améliorer la compétitivité, le régulateur allemand prévoit de réduire de 40% les tarifs concernant l’alimentation des terminaux GNL. L’accès direct à la plateforme unifiée, The, sur le marché allemand sera ainsi valorisé.