Dans le village de Bollingstedt, au nord de l’Allemagne, une installation de stockage composée d’une centaine de conteneurs est en cours de finalisation. Prévue pour être opérationnelle au printemps, elle aura la capacité d’alimenter 170 000 foyers pendant deux heures aux périodes de forte demande. Cette initiative fait partie des efforts visant à pallier l’intermittence des énergies renouvelables, dont la production varie en fonction des conditions météorologiques. Tobias Badelt, porte-parole d’Eco-Stor, l’entreprise en charge du projet, explique que ces batteries permettent d’« emmagasiner l’électricité excédentaire et de la restituer au moment opportun ».
Développement du stockage et enjeux énergétiques
L’Allemagne poursuit une transformation énergétique ambitieuse, avec un objectif de 80 % d’électricité renouvelable d’ici 2030, contre environ 60 % en 2024. Toutefois, la variabilité de la production solaire et éolienne met le réseau sous pression. Lors des périodes de forte production, l’infrastructure est saturée, tandis qu’en période de faible production, le pays doit importer de l’électricité, notamment depuis la France et la Pologne. Cet hiver, l’Allemagne a ainsi dû recourir à l’énergie nucléaire française et au charbon polonais pour éviter des coupures.
Des investissements en hausse
Face à ces défis, le stockage d’énergie connaît une croissance rapide. En 2024, environ 100 nouveaux systèmes de stockage, représentant une capacité totale de 0,8 gigawattheure (GWh), ont été déployés, doublant ainsi la capacité installée par rapport à l’année précédente. Ces infrastructures, bien que cruciales, ne suffisent pas encore à assurer un approvisionnement stable. Le gouvernement prévoit également d’investir dans des centrales à gaz convertibles à l’hydrogène et d’étendre le réseau électrique, notamment pour transporter l’électricité produite dans le nord vers les centres de consommation du sud.
Perspectives et contraintes politiques
La modernisation du réseau et le développement du stockage nécessitent des investissements publics massifs. La stabilité politique joue un rôle clé dans ces projets, or la dissolution du gouvernement d’Olaf Scholz en novembre a retardé plusieurs initiatives. Friedrich Merz, candidat favori des élections législatives anticipées, critique la politique énergétique actuelle mais maintient les objectifs de sortie progressive des énergies fossiles. Toutefois, la contrainte budgétaire pourrait freiner l’essor des technologies de stockage et le développement des infrastructures nécessaires à la sécurisation de l’approvisionnement électrique.