L’Algérie et l’Espagne connaissent des différends politiques au sujet du Sahara Occidental. Toutefois, l’Algérie s’est récemment engagée à fournir du gaz à l’Espagne, en dépit des tensions.
L’Algérie réaffirme son engagement
Ainsi, les tensions politiques agitent les liens entre l’Espagne et l’Algérie. Elles sont issues d’une déclaration de Madrid en mars dernier. L’Espagne a modifié sa position concernant l’autonomie de la région contestée du Sahara Occidental. Cette zone fait l’objet d’un fort différend entre l’Algérie et le Maroc.
Toutefois, en dépit de ces tensions, Abdelmadjid Tebboune, Président de l’Algérie, s’est récemment exprimé :
« L’Algérie n’abandonnera en aucun cas son engagement à fournir du gaz à l’Espagne ».
Les sociétés Sonatrach et Naturgy, respectivement algérienne et espagnole, sont notamment des partenaires de longue date dans le secteur du gaz. Elles sont copropriétaires du gazoduc Medgaz qui achemine le gaz algérien vers l’Espagne. Si elles vont continuer de commercer, Sonatrach n’a pas exclu un « recalcul » du prix payé pour son gaz par la société espagnole, selon son PDG Toufik Hakkar.
Sonatrach avait pourtant choisi de maintenir ses prix dans le cadre de contrats à long terme avec les acheteurs. Néanmoins, Toufik Hakkar a pointé du doigt l’Espagne pour un changement potentiel des conditions tarifaires.
La consommation européenne de gaz atteint des sommets
En octobre 2020, les prix du gaz ont chuté à des niveaux historiquement bas en Europe. Les deux parties avaient alors convenu de réviser les conditions tarifaires pour les livraisons de gaz algérien.
Le PVB (Virtua Balance Point) espagnol a été évalué le 22 avril à une perte de 9,25 Eur/MWh sur la journée, le contrat étant fixé à 80,25 Eur/MWh, selon les données de S&P Global Commodity Insights. L’Espagne a récemment connu davantage de livraisons de GNL. Effectivement, la demande a sensiblement augmenté en raison d’un temps plus froid que la moyenne. Cette dynamique devrait se poursuivre jusqu’au premier mai.
De plus, l’Espagne cherche à devenir une importante plaque tournante du gaz dans l’Union européenne. La consommation de gaz y a atteint son niveau le plus élevé depuis 10 ans en 2021. La demande a augmenté de 4,3 % pour atteindre 412 Gm3. Un hiver qui s’est prolongé en est la principale raison.
Des alternatives se dessinent
Le gaz russe par gazoduc était la principale source d’importations de l’UE, à 41 % en 2021. Il était suivi du gaz en provenance de Norvège (23,5 %), du GNL (20,5 %) et enfin du gaz par gazoduc d’Algérie (10,5 %). Aujourd’hui, la production intérieure baisse tandis que la demande européenne augmente. Les importations de l’UE ont augmenté de 3 %, pour atteindre 337,5 milliards de m3, en 2021.
Toutefois, l’Algérie a déjà détourné un certain volume de gazoducs vers l’Espagne. Madrid s’est à son tour tourné vers le GNL américain pour remplacer le volume algérien réduit. Les expéditions de GNL américain vers l’Espagne ont atteint un record mensuel de 16,3 TWh en mars, soit l’équivalent de 43 % de la consommation de gaz naturel du pays au cours du mois. Les États-Unis se sont imposés sur ce mois comme le principal fournisseur de gaz du pays.
Les approvisionnements américains ont largement supplanté ceux de l’Algérie. Cela s’explique notamment par la fermeture, en novembre 2021, de l’un des deux gazoducs qui relient les deux pays, le gazoduc Magreb. Les flux algériens vers l’Espagne ont chuté de 33 % en glissement annuel au premier trimestre.
Dans un même temps, l’italien Eni et Sonatrach se sont mis d’accord sur un nouvel accord de fourniture de gaz. Cet accord fait partie d’un plan plus large visant à accroître la coopération entre l’Italie et l’Algérie dans le domaine des énergies. D’un point de vue européen, l’accord devrait aider l’Italie à réduire sa dépendance au gaz russe.