L’Algérie a répondu à la crise énergétique libanaise en lançant des livraisons urgentes de fioul pour alimenter les centrales électriques du pays, après que la centrale de Zahrani, un maillon clé du réseau électrique national, a cessé de fonctionner en raison de l’épuisement de ses réserves. Cette interruption a laissé le Liban au bord d’une paralysie complète de ses infrastructures critiques, notamment l’aéroport international de Beyrouth, les installations portuaires et les services publics essentiels.
La décision de l’Algérie intervient alors que le Liban peine à maintenir une production électrique continue, dépendant essentiellement des importations de combustibles fossiles pour faire tourner ses installations. Ce soutien ponctuel vient compléter les efforts déjà en cours avec l’Irak, dans le cadre d’accords de swap énergétique, bien que la capacité des centrales à traiter différents types de fioul reste une contrainte technique significative.
Un secteur sous pression : dépendance et fragilité
Le secteur énergétique libanais, historiquement marqué par une dépendance excessive aux importations de fioul lourd et de gazole, souffre de fragilités structurelles qui le rendent vulnérable aux fluctuations du marché international et aux crises d’approvisionnement. L’incapacité du pays à raffiner localement des produits pétroliers adaptés aux spécifications de ses centrales a conduit à une dépendance accrue aux échanges internationaux, souvent au détriment de la stabilité énergétique nationale.
Le recours aux livraisons d’urgence de l’Algérie, bien qu’indispensable à court terme, met en lumière la nécessité de réformes stratégiques dans le secteur. Le manque de diversification des sources d’énergie, couplé à l’effondrement de la monnaie nationale qui complique les transactions internationales en devises fortes, souligne l’urgence d’une réévaluation de la politique énergétique du Liban.
Perspectives pour le secteur énergétique libanais
Dans un contexte où la demande énergétique connaît une tendance fluctuante, notamment après les perturbations liées à la pandémie de COVID-19, le Liban doit faire face à des défis croissants pour assurer la stabilité de son réseau. Les analyses de S&P Global Commodity Insights prévoient une baisse de la demande en produits pétroliers jusqu’en 2025, avant une reprise progressive. Cependant, sans un cadre réglementaire adapté et une gestion optimisée des ressources, le risque de nouvelles crises demeure élevé.
L’intervention de l’Algérie, bien que cruciale, ne suffit pas à résoudre les problèmes structurels du secteur. Pour garantir la sécurité énergétique à long terme, le Liban doit impérativement diversifier ses sources d’approvisionnement, renforcer ses infrastructures de raffinage, et mettre en œuvre des réformes qui réduiront sa dépendance aux importations de combustibles fossiles, tout en intégrant davantage de sources d’énergie renouvelable. La survie économique et la stabilité du pays dépendent de ces ajustements stratégiques essentiels.