L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) tente d’obtenir un accord entre les autorités ukrainiennes et russes afin d’établir des trêves localisées autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia, dans le sud-est de l’Ukraine. L’objectif est de permettre la réparation des infrastructures électriques endommagées qui alimentent la centrale, actuellement sous occupation russe et fonctionnant depuis plusieurs semaines uniquement grâce à des générateurs diesel.
Deux zones de cessez-le-feu pour sécuriser les lignes
Selon deux diplomates proches du dossier, le plan soumis par l’AIEA prévoit une restauration en deux étapes. Une première zone de trêve d’un rayon de 1,5 kilomètre serait établie pour permettre l’accès à la ligne Dniprovska de 750 kilovolts, principale ligne de transmission externe située dans une zone contrôlée par la Russie. Une deuxième zone similaire serait instaurée pour permettre les réparations sur la ligne Ferosplavna-1 de 330 kilovolts, cette fois en territoire ukrainien.
L’agence prévoit un déploiement d’experts pour superviser les réparations sur le terrain. Les travaux, initialement envisagés du 11 au 17 octobre, n’ont toutefois pas pu démarrer dans les délais. Si l’Ukraine a garanti un accès sécurisé à ses équipes, la Russie n’a pas encore fourni de garanties suffisantes, selon un diplomate européen.
Un risque d’accident nucléaire prolongé
La centrale, la plus grande d’Europe, a perdu sa dernière ligne électrique externe le 23 septembre et fonctionne depuis sur des générateurs de secours. Cette situation représente la dixième perte complète d’alimentation depuis le début de l’invasion à grande échelle, mais aussi la plus longue. L’AIEA avertit qu’un dysfonctionnement de ces générateurs pourrait entraîner une perte de refroidissement des réacteurs, provoquant une fusion du combustible et un possible rejet radioactif dans l’environnement.
Depuis mai, la ligne de secours de 330 kilovolts n’est plus opérationnelle, et les bombardements réguliers à proximité du site empêchent toute réparation durable. L’agence rappelle que la centrale, bien que hors service, reste vulnérable tant que ses systèmes de sécurité dépendent de sources temporaires.
Blocages persistants malgré des discussions bilatérales
Le directeur général de l’AIEA, Rafael Grossi, a rencontré le président russe Vladimir Poutine le 25 septembre à Moscou, suivi d’un entretien avec le directeur général de Rosatom, Alexeï Likhatchev. Il a ensuite échangé avec le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Andrii Sybiha, le 29 septembre à Varsovie. Aucun calendrier formel n’a été fixé depuis ces rencontres.
Dans une déclaration publique, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a affirmé que l’Ukraine était prête à réparer les lignes sur son territoire, comme elle l’a fait à plusieurs reprises, accusant la Russie de bloquer les efforts de sécurisation. Il a appelé à exercer une pression internationale pour forcer Moscou à coopérer.