L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a récemment adopté une résolution sévère contre l’Iran en réponse à l’escalade de son programme nucléaire. Cette décision, soutenue par 20 des 35 membres du Conseil des gouverneurs, a été impulsée par Londres, Paris et Berlin (E3). Elle souligne les préoccupations croissantes face à l’absence de réponses crédibles concernant les traces d’uranium détectées sur deux sites non déclarés en Iran. En mai 2024, le taux d’enrichissement d’uranium de l’Iran était 30 fois supérieur au seuil imposé par l’AIEA.
Malgré les réticences initiales des États-Unis, craignant une exacerbation des tensions au Moyen-Orient, ces derniers ont finalement voté en faveur de la résolution. En revanche, la Russie et la Chine ont voté contre, tandis que 12 pays se sont abstenus. Cette initiative marque la première résolution de ce type depuis novembre 2022 et élargit les griefs à l’encontre de l’Iran.
Les nouveaux points de contentieux
Outre les problèmes persistants liés à l’absence de transparence sur certains sites nucléaires, la résolution aborde deux nouveaux sujets de préoccupation. Elle exige que l’Iran rétablisse l’accréditation de ses inspecteurs les plus expérimentés et réactive sans délai les caméras de surveillance désactivées. Ces mesures visent à accroître la pression sur l’Iran, qui a considérablement réduit sa coopération avec l’AIEA.
Cette résolution, bien que symbolique à ce stade, pourrait précéder une transmission du litige au Conseil de sécurité de l’ONU, susceptible de prendre des sanctions. Cependant, la position de la Russie et de la Chine, proches de l’Iran, complique cette éventualité.
Réactions et perspectives
Téhéran a vivement critiqué cette résolution, la qualifiant d’action contre-productive et infondée. L’Iran a menacé de riposter sans préciser la nature de sa réponse. Bien que l’Iran nie vouloir se doter de l’arme nucléaire, les Européens et l’AIEA expriment des préoccupations croissantes face à l’enrichissement de l’uranium à 60%, un niveau proche de celui requis pour une bombe nucléaire.
Les discussions à Vienne ont souligné des avancées nucléaires iraniennes « sans précédent pour un État non doté de l’arme atomique ». L’Iran est le seul pays non doté de l’arme nucléaire à enrichir l’uranium à ce niveau, ce qui nuit considérablement à la sécurité internationale et compromet l’architecture mondiale de non-prolifération.
Vers une solution diplomatique ?
La République islamique s’est progressivement affranchie des engagements pris dans le cadre de l’accord international de 2015, connu sous l’acronyme JCPOA, suite au retrait unilatéral des États-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump. Les efforts pour relancer cet accord ont échoué à l’été 2022.
Dans une déclaration commune, l’Iran, la Russie et la Chine ont appelé les pays occidentaux à prendre des mesures pour permettre un retour au JCPOA, soulignant la nécessité d’une volonté politique pour résoudre cette crise. Les perspectives d’une solution diplomatique restent toutefois incertaines, exacerbant les tensions internationales et posant des défis majeurs à la sécurité mondiale.