Le 18 mars, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) exhorte les pays de l’OPEP à augmenter leur production de pétrole. Le Premier ministre japonais, en particulier, en appelle au prince héritier d’Arabie saoudite. Les pays impactés par la baisse de l’approvisionnement russe accentuent la pression vis-à-vis de leurs partenaires moyen-orientaux.
L’AIE cherche appui auprès de l’OPEP contre les problèmes d’approvisionnement en pétrole
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, exprime sa déception quant au manque de résultats de la dernière réunion de l’OPEP+. Celle-ci prend place le 2 mars dernier, alors que la guerre en Ukraine entre dans sa deuxième semaine. Il estime que les pays membres manquent d’implication à propos de la stabilisation des prix du pétrole.
Selon Birol, l’alliance ne saisit pas l’urgence de la crise provoquée par la guerre en Ukraine. Il espère toutefois une évolution lors de la prochaine réunion de l’OPEP+, le 31 mars. Il déclare :
« J’espère vivement que la réunion du 31 mars apportera de bons messages qui contribueront à soulager la tension sur les marchés pétroliers. »
L’OPEP+ souhaite conserver ses relations avec la Russie
Le groupe OPEP+, dont fait partie la Russie, annule progressivement les réductions records de production de 2020. Celles-ci ont lieu en raison de la crise du COVID-19 et des différentes politiques de confinement prises aux échelles nationales. Toutefois, la reprise reste trop lente selon des pays comme les États-Unis, l’Inde, ou encore le Japon.
L’alliance tient un rythme constitué de tranches mensuelles de 400 000 b/j. Le directeur exécutif de l’AIE commente :
« Beaucoup des principaux pays producteurs de pétrole ont prouvé à maintes reprises dans le passé qu’ils étaient des acteurs responsables sur les marchés de l’énergie. J’espère vraiment qu’une fois de plus ils seront du bon côté ici. »
L’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis et d’autres membres de l’OPEP expriment néanmoins leurs réticences. Ils expliquent que la flambée des prix du pétrole représente une problématique géopolitique dont ils ne sont pas responsables.
Ils cherchent également à ne pas perturber les relations délicates de l’OPEP avec la Russie. Celles-ci s’étendent maintenant sur plus de cinq ans de quotas de production coordonnés. Elles forgent parallèlement de nouveaux liens commerciaux, sécuritaires, et autres.
Les sanctions financières impactent de facto le secteur de l’énergie
La guerre d’Ukraine provoque un déficit d’approvisionnement du marché mondial. Selon Birol, celui-ci se chiffre à 2,5 millions de b/j en moins. Cette donnée fait, en outre, écho à une estimation antérieure de l’AIE. En effet, l’agence estime que la production russe de pétrole peut potentiellement chuter de 3 millions de b/j à partir d’avril.
Les sanctions occidentales qui ciblent le secteur financier russe ont aussi un impact sur celui de l’énergie. Ainsi, de nombreux commerçants évitent maintenant d’effectuer des transactions sur les matières premières russes. Les mesures financières resserrent donc de facto le marché pétrolier. Elles font aussi grimper les prix mondiaux par la ruée vers des approvisionnements alternatifs.
On évalue à $ 113,71/b l’indice de référence Platts Dated Brent le 17 mars. Le prix est en baisse par rapport au pic de $ 137/b observé plus tôt dans le mois. Cependant, la valeur reste suffisamment haute pour déstabiliser l’économie mondiale, déclarent de nombreux pays consommateurs.
Le Japon suit la politique de l’AIE et s’ajoute aux discussions avec l’Arabie saoudite
Le Premier ministre japonais, Fumio Kishida, rejoint les inquiétudes occidentales à propos de l’approvisionnement de pétrole. Le Japon, membre de l’AIE, ouvre ses propres réserves stratégiques de brut pour soulager le marché mondial. Kishida exhorte Mohammed ben Salmane à augmenter la production de pétrole lors d’un appel, le 17 mars dernier. Un jour plus tôt, le prince héritier rencontre le Premier ministre britannique Boris Johnson pour les mêmes raisons.
Le ministre japonais des Affaires étrangères synthétise la teneur des échanges. Il explique :
« [Les deux dirigeants] ont eu une discussion intense sur les contre-mesures vis-à-vis de l’augmentation des prix du pétrole ».
Le prince héritier réitère cependant le soutien de l’Arabie saoudite à l’OPEP+ et tous ses partenaires, y compris la Russie. Il évoque plutôt le souci de maintenir l’équilibre et la stabilité du marché pétrolier en garantissant les accords de l’OPEP+. En dépit de cela, Fumio Kishida exprime :
« Ses espoirs forts pour que l’Arabie saoudite fasse preuve de leadership dans la stabilisation du marché international du pétrole ».
Enfin, le secrétaire d’Etat américain Anthony Blinken prévoit lui aussi de se rendre prochainement à Riyad.
L’Arabie saoudite et les EAU sont essentiellement les seuls membres de l’OPEP à disposer d’une capacité de production de pétrole inutilisée. En ce sens, ils constituent de bons candidats pour atténuer la pénurie d’approvisionnement causée par les sanctions contre la Russie.
Un certain nombre de pays européens, comme l’Allemagne, prévoient de se sevrer de l’offre russe à long terme. L’AIE continue de rechercher des solutions viables pour ces pays consommateurs.
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