Près de 200 pays, réunis lors de la COP28 en 2023, s’étaient engagés à renforcer significativement leur efficacité énergétique. Cependant, un an plus tard, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) déplore que ces ambitions soient loin d’être réalisées. Selon un rapport publié par l’AIE, l’efficacité énergétique mondiale ne devrait progresser que de 1 % en 2024, un chiffre similaire à celui de 2023 et bien inférieur à l’objectif de 4 % nécessaire d’ici 2030.
Le concept d’efficacité énergétique consiste à réduire la quantité d’énergie requise pour obtenir un niveau de production équivalent. Cette démarche est essentielle dans le cadre du scénario de neutralité carbone d’ici 2050, un objectif ambitieux dans lequel l’amélioration de l’efficacité pourrait représenter plus de 70 % de la réduction de la demande mondiale en pétrole et 50 % pour le gaz naturel d’ici 2030, indique l’AIE.
Des avancées freinées par des mesures insuffisantes
Malgré les progrès initiaux motivés par la crise énergétique mondiale, la dynamique de l’efficacité énergétique s’est affaiblie, constate l’AIE. Dans de nombreuses régions, des mesures décisives manquent pour atteindre les objectifs établis. Près de la moitié des bâtiments dans le monde n’ont toujours pas d’exigences claires en matière d’efficacité énergétique, ce qui représente un manque important de potentiel d’économies d’énergie.
Un autre point critique soulevé par l’AIE concerne les moteurs électriques, largement utilisés dans les secteurs industriels et domestiques. Actuellement, seuls trois moteurs sur cinq sont soumis à des normes minimales de performance énergétique, alors qu’ils constituent une part majeure de la consommation électrique mondiale.
Des technologies disponibles mais peu utilisées
L’AIE rappelle que les technologies nécessaires pour améliorer l’efficacité énergétique sont déjà disponibles et accessibles. Parmi elles, les pompes à chaleur et les véhicules électriques sont cités comme des exemples concrets de technologies pouvant réduire significativement la consommation énergétique par rapport aux solutions traditionnelles. Cependant, leur adoption reste trop lente et inégale, principalement en raison d’un manque de régulations et de politiques incitatives robustes.
Fatih Birol, directeur exécutif de l’AIE, souligne la nécessité pour les gouvernements de renforcer leurs engagements et d’accélérer la mise en place de politiques adaptées. « Ce que nous espérons voir maintenant, ce sont des réponses politiques plus rapides et plus solides à travers le monde », déclare-t-il dans un communiqué.
Réaction du groupe de réflexion Ember
Dave Jones, directeur du programme perspectives de l’organisation de réflexion Ember, partage les inquiétudes de l’AIE. Selon lui, l’efficacité énergétique est cruciale pour réduire la demande globale en énergie, un facteur essentiel si l’on souhaite se détourner progressivement des énergies fossiles. « Il sera très difficile d’abandonner les combustibles fossiles si la demande globale d’énergie augmente de manière incontrôlée », insiste-t-il, en soulignant l’importance de renforcer les politiques d’efficacité énergétique à travers le monde.
Enjeux de la COP29
La COP29, qui se tiendra en Azerbaïdjan du 11 au 22 novembre 2024, sera consacrée à la finance climatique. Bien que centrée sur les mécanismes financiers pour soutenir la transition énergétique, cette conférence offre une opportunité aux gouvernements d’adopter des engagements concrets pour accélérer l’efficacité énergétique. Les attentes sont élevées, l’AIE et d’autres observateurs espérant que les dirigeants mondiaux répondront à l’urgence de la situation avec des actions significatives.