L’impact des véhicules électriques sur la demande mondiale de pétrole devrait être moins marqué qu’anticipé, selon les nouvelles prévisions publiées le 14 mai par l’Agence internationale de l’énergie (AIE). L’agence estime désormais que l’adoption des véhicules électriques entraînera une baisse de 5 millions de barils par jour (mb/j) de la consommation de diesel et d’essence d’ici 2030, contre 6 mb/j dans son rapport précédent.
Prévisions revues à la baisse
L’AIE, basée à Paris, attribue cette révision à un ralentissement de la demande en Europe, à une adoption des hybrides au détriment des 100 % électriques, ainsi qu’à un environnement économique moins favorable. En 2024, les véhicules électriques ont permis d’économiser 1,3 mb/j de carburants fossiles, selon l’agence. Les perspectives restent sensibles aux conditions macroéconomiques mondiales et aux tensions sur les politiques commerciales, notamment les droits de douane qui freinent les exportations.
Europe à la traîne, Chine en tête
En Europe, le recul des incitations financières a pesé sur les ventes, poussant certains analystes à repousser le pic de la demande d’essence à 2026-2027. Platts, division de S&P Global Commodity Insights, a ainsi ajusté ses prévisions pour refléter une transition plus lente. À l’inverse, la Chine continue de dominer le marché : le pays a produit plus de 70 % des véhicules électriques dans le monde en 2024, et environ la moitié des économies de pétrole anticipées d’ici 2030 proviendraient du marché chinois, selon l’AIE.
Accessibilité inégale selon les régions
Le coût reste un facteur déterminant. En Chine, deux tiers des véhicules électriques sont désormais moins chers que leurs équivalents thermiques. En Allemagne, les voitures électriques peuvent coûter jusqu’à 20 % de plus, ce qui rend les ventes plus dépendantes des subventions publiques. L’AIE note également que près de 20 % des ventes mondiales sont issues d’importations, soulignant les risques liés aux politiques tarifaires à venir, notamment entre les États-Unis, la Chine et l’Union européenne.
Projections de croissance inchangées
Malgré ces obstacles, l’AIE prévoit une progression continue des ventes mondiales : plus de 17 millions d’unités ont été vendues en 2024, et ce chiffre devrait atteindre 20 millions en 2025, représentant un quart des achats de voitures neuves à l’échelle mondiale. En Chine, les véhicules électriques comptent déjà pour environ 50 % des ventes, contre 20 % en Europe et 10 % aux États-Unis. Les ventes mondiales ont progressé de 35 % au premier trimestre 2025 par rapport à l’année précédente.