L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a publié une nouvelle édition de son rapport annuel sur les perspectives énergétiques mondiales, projetant une croissance marquée de la capacité nucléaire installée d’ici 2050. Dans son scénario haut, l’AIEA estime que la capacité nucléaire mondiale pourrait atteindre 992 gigawatts, soit 2,6 fois plus que les 377 gigawatts recensés à la fin de l’année 2024.
Une révision continue à la hausse depuis cinq ans
C’est la cinquième année consécutive que l’organisation révise à la hausse ses prévisions de long terme. Depuis la première inflexion post-Fukushima survenue en 2021, le scénario haut de l’AIEA pour 2050 a augmenté de 25 %, passant de 792 à 992 gigawatts. Ce scénario prend en compte les politiques nationales en faveur du nucléaire, la construction anticipée de nouveaux réacteurs ainsi que l’entrée sur le marché des petits réacteurs modulaires (SMR, Small Modular Reactors), qui pourraient représenter 24 % de la nouvelle capacité d’ici 2050.
Des écarts importants selon les scénarios
Dans son scénario bas, plus prudent, l’AIEA prévoit une capacité nucléaire de 561 gigawatts en 2050, soit une progression de 50 % par rapport à 2024. Cette projection repose sur le maintien des politiques actuelles, sans évolution réglementaire majeure. Dans ce cas, les petits réacteurs modulaires ne compteraient que pour 5 % des nouvelles capacités. L’écart entre les deux scénarios illustre l’importance des conditions d’investissement, du soutien politique et des dynamiques industrielles.
Un rythme d’installation à multiplier par quatre
Pour atteindre le niveau prévu dans le scénario haut, il faudrait installer en moyenne 26 gigawatts de nouvelle capacité par an jusqu’en 2050, contre une moyenne de 5,9 gigawatts par an au cours des cinq dernières années. Cette accélération implique une mobilisation importante des chaînes d’approvisionnement, des compétences techniques et du financement, y compris à travers les banques de développement multilatérales.
Un parc vieillissant à compenser
Le rapport souligne que près des deux tiers du parc nucléaire mondial actuel sont en service depuis plus de 30 ans, et environ 40 % depuis plus de 40 ans. La prolongation de la durée de vie des centrales est identifiée comme une stratégie essentielle pour maintenir la production nucléaire, notamment dans les régions disposant de flottes vieillissantes. Dans le scénario haut, seules 81 gigawatts électriques seraient retirées d’ici 2050, contre 156 dans le scénario bas.
Une dynamique régionale portée par l’Asie
La plus forte croissance de la capacité nucléaire est attendue en Asie centrale et orientale, où l’AIEA prévoit un triplement voire un quadruplement de la capacité d’ici 2050, selon les scénarios. À l’échelle mondiale, environ 40 pays seraient actuellement engagés à différents stades dans le développement nucléaire, et plus de 20 autres exploreraient son intégration dans leur mix énergétique futur.