L’Afrique subsaharienne n’a obtenu que 2,3 % des investissements mondiaux consacrés aux énergies renouvelables en 2024, soit $18 milliards selon le rapport Global landscape of energy transition finance 2025 publié en novembre par l’Agence internationale pour les énergies renouvelables (International Renewable Energy Agency, IRENA). Cette part reste limitée alors que la région concentre une population en forte croissance et un accès insuffisant à l’électricité pour près de 590 millions de personnes. Le rapport note également que les montants attirés demeurent nettement inférieurs aux besoins identifiés pour soutenir la transition énergétique.
Un décalage persistant entre ambitions et capacité d’attraction des capitaux
Les investissements observés en 2024 représentent une progression par rapport à la moyenne annuelle de $14 milliards enregistrée entre 2022 et 2023. Cependant, cette hausse reste marginale au regard des objectifs fixés par les États de la région, qui prévoient l’installation d’au moins 120 gigawatts (GW) de capacités renouvelables additionnelles d’ici 2035 dans leurs contributions déterminées au niveau national (Nationally Determined Contributions, NDC). L’IRENA précise que 61 % de ces objectifs reposent sur l’accès à des financements extérieurs et à des transferts technologiques.
Plusieurs contraintes continuent de limiter la mobilisation des capitaux privés. Les coûts élevés du financement, les réseaux de distribution insuffisants et la fragilité financière de certaines compagnies publiques demeurent des facteurs dissuasifs. Le rapport estime les besoins technologiques à $129 milliards, dont $77 milliards devraient provenir de financements internationaux, illustrant l’ampleur du défi pour les décideurs politiques et énergétiques.
Un contraste marqué avec la dynamique mondiale du renouvelable
À l’échelle mondiale, les investissements dans les énergies renouvelables ont atteint $807 milliards en 2024, en hausse de 22 % par rapport à la moyenne observée entre 2022 et 2023. La progression a été soutenue par le développement du solaire photovoltaïque, qui se rapproche des trajectoires de financement nécessaires pour respecter le scénario 1,5 °C. La baisse continue des coûts et le soutien politique dans plusieurs régions ont facilité cette croissance, principalement dans les économies disposant d’infrastructures matures et de cadres réglementaires stabilisés.
En Afrique subsaharienne, l’écart entre cette dynamique mondiale et la capacité régionale à attirer les investisseurs met en évidence une vulnérabilité structurelle persistante. Les projets énergétiques nécessitent des partenariats étroits entre gouvernements, institutions financières et acteurs privés pour sécuriser les flux d’investissement indispensables aux nouvelles capacités de production.
Pression croissante pour renforcer la coopération internationale
Les discussions menées dans le cadre de la COP30 ont remis en avant l’importance d’un dialogue coordonné pour répondre à ces enjeux de financement. Plusieurs gouvernements africains plaident pour un accès élargi aux mécanismes de soutien internationaux et pour une meilleure intégration des priorités régionales dans les négociations multilatérales. La capacité de la région à défendre ses besoins reste un élément déterminant pour combler l’écart entre objectifs déclarés et financements réellement disponibles.
La progression limitée des investissements en Afrique subsaharienne continue de soulever des interrogations sur la manière dont les acteurs publics et privés pourront structurer des collaborations capables d’accélérer la réalisation des projets énergétiques annoncés.