L’Afrique du Sud, l’une des économies les plus industrialisées du continent africain, se trouve à la croisée des chemins entre la nécessité de réduire ses émissions de gaz à effet de serre et la préservation de son tissu économique et social. Actuellement, 80 % de sa production électrique dépend du charbon, employant plus de 100 000 personnes. Cette situation place le pays parmi les plus grands émetteurs de CO2 au monde.
Le président Cyril Ramaphosa, lors d’une réunion avec des représentants gouvernementaux et des bailleurs de fonds internationaux, a souligné l’importance d’une transition énergétique qui soit à la fois équitable et inclusive. Il a insisté sur le fait que cette transition ne devait pas se faire au détriment des travailleurs et des communautés locales, évoquant la nécessité d’un rythme de décarbonation adapté aux capacités économiques et sociales du pays.
Investissements Internationaux et Défis Locaux
Depuis 2021, les initiatives de l’Afrique du Sud pour se détacher du charbon ont reçu le soutien des pays riches, avec un programme de financement de 8,5 milliards de dollars visant également à soutenir les travailleurs affectés. La Banque mondiale a aussi contribué en 2022 avec un financement de 497 millions de dollars pour transformer une grande centrale au charbon en une installation d’énergie renouvelable.
Cependant, la transition n’est pas sans défis. Des résistances se font sentir, notamment au sein du Congrès national africain (ANC), soutenu traditionnellement par les syndicats de mineurs. L’emploi demeure un enjeu critique avec un taux de chômage dépassant les 30 %. En outre, les infrastructures électriques vieillissantes ont provoqué des pénuries d’électricité, conduisant à des coupures allant jusqu’à 12 heures par jour dans certaines régions.
Vers une Diversification Énergétique
Face à ces défis, l’Afrique du Sud explore activement des alternatives énergétiques. Le pays s’est ouvert aux investissements privés pour créer un marché de l’électricité plus compétitif et mise sur l’hydrogène vert et l’énergie éolienne. Le discours de Ramaphosa a mis en avant l’importance des taxes carbone pour inciter les entreprises à adopter des technologies plus propres et a souligné les efforts du gouvernement dans les programmes de reconversion professionnelle et de soutien aux petites entreprises.
Réflexions sur la Transition Juste
L’équilibre entre la transition écologique et la préservation de l’emploi reste délicat. L’approche graduelle prônée par Ramaphosa vise à minimiser les impacts économiques négatifs tout en avançant vers un avenir plus durable. La coopération internationale et les investissements privés jouent un rôle crucial dans cette transition, offrant des opportunités pour diversifier l’économie et améliorer la résilience énergétique du pays.
Le chemin vers une économie décarbonée est parsemé de défis, mais avec des politiques adaptées et un soutien continu, l’Afrique du Sud peut devenir un modèle de transition juste et inclusive, conciliant développement durable et progrès social.