L’Afrique du Sud a annoncé la préparation d’un nouveau programme d’investissement public dans le secteur nucléaire, visant à développer une capacité de 5000 mégawatts (MW). Cette initiative a été confirmée par le ministre de l’Électricité et de l’Énergie, Kgosientsho Ramokgopa, à l’occasion d’une réunion ministérielle du G20 sur l’énergie nucléaire organisée à Durban. Le projet s’inscrit dans les efforts du gouvernement pour stabiliser un réseau électrique fortement sollicité et sujet à de fréquentes interruptions.
Un réseau fragilisé par des coupures persistantes
L’instabilité du système électrique sud-africain s’est accentuée ces dernières années. En 2023, le pays a subi 332 jours de délestage, contre 205 en 2022. Face à cette situation, les autorités ont choisi de relancer l’option nucléaire pour réduire la pression sur le réseau et limiter la dépendance au charbon. Selon les données de la World Nuclear Association, 84 % de la production nationale d’électricité en 2022 provenaient du charbon, contre seulement 4 % pour le nucléaire et environ 10 % pour les énergies renouvelables.
Le projet de 5000 MW constitue la première grande expansion nucléaire depuis l’extension de la centrale de Koeberg, unique installation nucléaire commerciale du pays, entrée en service en 1984. Aucune nouvelle unité n’a été construite depuis.
Un programme dirigé par une société publique
Le développement de cette nouvelle capacité sera mené en partenariat avec la South African Nuclear Energy Corporation (NECSA), organisme public chargé du développement de l’énergie nucléaire civile. Le gouvernement prévoit d’annoncer prochainement les détails opérationnels, incluant les sites retenus, les fournisseurs technologiques, le budget de construction et le calendrier de mise en service, une fois que le projet aura été approuvé par le Cabinet.
Le gouvernement sud-africain mise sur sa propre expertise pour conduire ce programme, à un moment où plusieurs pays africains s’intéressent également à l’énergie nucléaire. L’Égypte, le Ghana et le Nigéria figurent parmi ceux ayant lancé ou préparé des projets similaires.
Un positionnement stratégique pour l’Afrique du Sud
Avec cet investissement public, l’Afrique du Sud entend renforcer son indépendance énergétique et sa sécurité d’approvisionnement. Le développement de la capacité nucléaire nationale intervient dans un contexte de forte pression sur le réseau, affectant à la fois les ménages et les activités industrielles.
« Nous avons les compétences, l’expérience et l’infrastructure nécessaires pour mener ce programme à terme », a déclaré Kgosientsho Ramokgopa en marge de l’événement.