Le département du Trésor des États-Unis a confirmé qu’il publierait, avant janvier 2025, les directives nécessaires pour l’application du crédit d’impôt 45Z, destiné aux carburants à faible empreinte carbone. Ce programme fait partie des mesures incluses dans la loi sur la réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act), un pilier des politiques énergétiques de l’administration Biden.
Un outil financier au cœur de la stratégie énergétique
Le crédit 45Z vise à encourager la production domestique de carburants affichant une réduction d’au moins 50 % de leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport au pétrole conventionnel. Les producteurs peuvent prétendre à un crédit d’un maximum de 1 dollar par gallon pour les carburants non aériens, tandis que ceux réduisant davantage leur intensité carbone bénéficient d’incitations supplémentaires. Pour le carburant d’aviation durable (Sustainable Aviation Fuel, ou SAF), le crédit peut atteindre 1,75 dollar par gallon.
L’objectif de ce dispositif est double : soutenir les producteurs tout en renforçant la transition énergétique américaine vers des carburants plus durables. Cependant, les entreprises et investisseurs attendent encore les détails techniques qui leur permettraient de planifier leurs investissements et de maximiser leur éligibilité au crédit.
Des divergences ralentissent les avancées
Les discussions inter-agences autour du crédit 45Z ont révélé des désaccords sur plusieurs points techniques, notamment sur l’utilisation du modèle GREET (Greenhouse Gases, Regulated Emissions, and Energy Use in Transportation) pour évaluer les carburants éligibles. Certains experts du secteur craignent que ce retard n’entrave la mise en œuvre du programme et ne freine les projets déjà engagés.
Les tensions concernent également l’utilisation des terres agricoles pour produire des biocarburants, une question qui divise les décideurs. Certains plaident pour l’intégration de pratiques agricoles climato-intelligentes comme critère d’éligibilité, tandis que d’autres estiment que des exigences trop strictes pourraient limiter l’impact économique du crédit.
Les impacts économiques et industriels
Le crédit 45Z est perçu comme une opportunité majeure pour les producteurs de biocarburants et leurs partenaires industriels. Ces derniers ont investi dans des technologies capables de réduire l’intensité carbone de leurs produits. Selon Emily Skor, PDG de Growth Energy, une absence de clarté sur ce crédit mettrait en péril ces investissements et nuirait aux communautés rurales qui dépendent des revenus générés par cette industrie.
De plus, l’incertitude actuelle pourrait impacter les prix du carburant, un enjeu stratégique pour le secteur du transport et les marchés de l’énergie. NATSO et SIGMA, qui représentent les détaillants et distributeurs de carburant, ont demandé la prolongation de crédits existants, comme celui destiné aux mélangeurs de biodiesel, pour servir de filet de sécurité jusqu’à ce que des règles claires soient établies.
Un enjeu politique et financier
Alors que l’année 2024 s’annonce cruciale pour le secteur des biocarburants, le retard dans la publication des directives soulève des questions sur la capacité de l’administration Biden à tenir ses promesses en matière de politique énergétique. Les groupes industriels, tout en appelant à la clarté, exhortent également le Congrès à envisager des mesures transitoires pour éviter un ralentissement du marché.
Pour les investisseurs, la publication des critères d’éligibilité sera déterminante pour évaluer les risques et les opportunités dans le domaine des carburants à faible empreinte carbone. La clarté sur le 45Z est attendue comme un signal fort pour aligner les stratégies industrielles sur les objectifs nationaux en matière d’énergie.