La Turquie se rapproche de la Russie. De fait, Moscou et Ankara renforcent leur coopération dans le secteur des énergies. Si le conflit russo-ukrainien plonge les pays européens dans une tourmente énergétique, l’État turc semble en tirer profit.
Début août, suite à une rencontre entre Recep Tayyip Erdogan et Vladimir Poutine, la Turquie annonçait qu’elle paierait en roubles les futures transactions gazières.
Cet appui turc dans le sens des intérêts financiers russes permet une extension du champ de coopération entre les deux pays. La Turquie semble capitaliser sur le vide commercial engendré par les sanctions à l’encontre de la Russie.
La Turquie renforce sa collaboration avec la Russie
Le gouvernement turc bénéficie d’une situation idéale dans le contexte actuel. Sa place de médiateur entre, d’un côté, le bloc occidental et, de l’autre, la Russie et ses États satellites participe à la constitution d’une image de partenaire fiable. En outre, la reconnaissance de la devise russe dans les échanges et l’absence de sanctions favorisent les entreprises du pays.
De plus, ces accords en roubles sont un moyen pour le gouvernement de sauvegarder ses réserves de dollars américaines. La livre turque soumise à une dévaluation continue entraîne également une hausse des prix des exportations. Ainsi, le coût des consommations intermédiaires (pétrole, gaz…) s’en trouve impacté.
Sans pour autant parler de compromission turque vis-à-vis des événements récents, l’adoption d’une posture conciliante profite avant tout à sa stabilité économique. La Russie demeure également pour la Turquie un partenaire indispensable dans le cadre d’une inflation record.
Des ressources russes bon marché
Les entreprises turques bénéficient de cette coopération et augmentent le volume des importations, notamment celles de pétrole brut.
Les principaux raffineurs turcs ont ainsi opéré des achats massifs de pétrole léger russe en provenance de la Sibérie et de l’Oural. Selon Refinitiv, les importations dépassent alors les 200.000 b/j. À titre de comparaison, en 2021, elles étaient de 98.000 b/j. En parallèle, les importations de pétrole Irakien, de l’Ouest africain et de la mer du Nord chutent.
La baisse des prix du pétrole russe connaît, cette année, une baisse remarquable comparativement à l’indice de référence Brent. Ainsi, la Turquie profite du contexte actuel pour obtenir du pétrole russe à bas prix.
Cet engouement est déjà mesuré par les volumes d’achats des raffineries de STAR et de Tupras. Selon Refinitiv, la première devrait acheter quelques 90.000 b/j de pétrole russe entre janvier et août 2022, contre 48.000 b/j l’an dernier.
De la même façon, sur la même période, Tupras voit ses achats passer de 45.000 b/j à 111.000 b/j.