En Turquie, Moscou envisage de faire du pays une plaque tournante pour le gaz russe afin de masquer ses exportations vers l’Europe.
Création du hub gazier
En Turquie, la Russie tente de vendre son gaz en l’incorporant avec du gaz provenant d’autres ressources. La Russie fournissait 40% du marché du gaz de l’Union européenne jusqu’à ce que Moscou envahisse l’Ukraine. Depuis lors, l’Occident introduit des sanctions sur le pétrole et le gaz russes et réduit ses achats d’origine russe.
Suite à l’explosion des gazoducs Nord Stream, Moscou proposait en octobre de créer un hub gazier en Turquie. Ainsi, la Russie cherche à s’appuyer et à développer les itinéraires au sud de l’Europe. Sans être précis, le Président russe déclarait qu’un hub pourrait se développer en Turquie assez rapidement et que les clients européens voudraient signer des contrats.
Alexei Gromov de la Fondation de l’Institut pour l’énergie et les finances basée à Moscou, déclare:
« L’Europe a-t-elle besoin du projet, compte tenu de la détermination des pays de l’UE à renoncer au gaz russe dans un avenir proche ? »
De plus, il déclare qu’il serait impossible de reconfigurer les flux de gaz au sein de l’Union européenne. En effet, il n’y a pas de liaisons existantes qui se connecteraient au hub proposé depuis le nord-ouest de l’Europe.
Les exportations de la Russie vers l’Europe chutent de 43,3% cette année. Le gazoduc TurkStream vers la Turquie fonctionne bien en dessous de sa capacité annuelle de 31,5 milliards de mètres cubes. le pipeline utilise sa capacité à 40% et la construction d’une infrastructure supplémentaire nécessiterait 3 ou 4 ans de construction.
Des routes détournées
Toutefois, si les sources du gaz peuvent prêter à confusion, le GNL peut ainsi s’exporter en Chine de la Russie. Par la suite la Chine peut l’exporter à son tour vers une autre destination sans mentionner son origine initiale. En effet, certains acheteurs du sud et de l’est de l’Europe ne se soucient pas de l’origine du GNL.
Moscou espère ainsi réaliser des ventes via des médiateurs comme la Turquie. Pour la Russie, le hub turc représente des opportunités commerciales. La Turquie, dans cette hypothèse pourrait inclure le gazoduc transanatolien dans ce hub gazier.
Pour Moscou, il s’agit d’une idée ancienne, d’ajouter deux lignes au gazoduc TurkStream existant. Cette solution doublerait la capacité annuelle qui passera à 63 milliards de mètres cubes. Cela correspond aux volumes combinés que la Russie vendait via l’Autriche, la Bulgarie, la Hongrie, l’Italie, la Serbie, la Slovénie et la Turquie en 2020.
La Russie fournit du gaz par gazoduc à l’Europe principalement via l’Ukraine. Les exportations s’élèvent à plus de 40 millions de mètres cubes par jour, soit la moitié des ventes à l’Union européenne. Le prix du TurkStream s’élève à $3,2 milliards alors que Nord Stream 2, jamais lancé, nécessitait $11 milliards supplémentaires.