Le commerce illicite de pétrole depuis le Kurdistan vers l’Iran et la Turquie est en plein essor, provoqué par la fermeture du pipeline Iraq-Turkey Pipeline (ITP) en 2023. Des centaines de camions-citernes transportent quotidiennement environ 200 000 barils de pétrole à prix réduit, représentant des revenus mensuels de près de 200 millions de dollars. Ce commerce non officiel, désormais crucial pour l’économie régionale, s’est développé en raison de la complexité juridique entourant l’exportation de pétrole via des canaux officiels.
Problématiques et Acteurs en Jeu
La fermeture du pipeline a poussé le Kurdistan à intensifier le transport de pétrole par camion vers des pays voisins, en dehors de tout cadre réglementaire. Des sources de l’industrie pétrolière et des diplomates révèlent que cette situation contribue à l’incapacité de l’Irak à respecter les réductions de production convenues avec l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP). De plus, les revenus de cette activité échappent totalement aux registres officiels, exacerbant les tensions entre le gouvernement fédéral irakien et le gouvernement régional kurde (KRG).
Impacts Économiques et Politiques
Le commerce parallèle de pétrole a des implications majeures pour les relations entre le Kurdistan et ses alliés, notamment les États-Unis. Les autorités américaines examinent si ce commerce viole les sanctions économiques imposées à l’Iran. Cette situation pourrait aussi compliquer les relations avec la Turquie, impliquée dans l’arrêt des exportations officielles suite à un arbitrage international en faveur de l’Irak.
Conséquences Locales
L’économie kurde, qui lutte pour payer ses employés publics, profite de ces revenus non officiels, mais au détriment de la transparence et de la légalité. Les responsables locaux admettent que les recettes du commerce de pétrole n’apparaissent dans aucun registre officiel, ce qui alimente la suspicion et les accusations de corruption.
Analyse et Perspectives
Cette situation met en lumière un problème récurrent au Moyen-Orient : le commerce illégal de ressources naturelles, souvent facilité par des acteurs politiques et économiques locaux. Les autorités de la région, tout comme les observateurs internationaux, sont préoccupés par les conséquences à long terme de ce commerce illicite, qui pourrait renforcer les divisions internes et affaiblir davantage l’autorité centrale de l’Irak.
Les routes empruntées par les camions-citernes sont également devenues des points de tension, avec des accidents fréquents et des infrastructures endommagées, provoquant la colère des résidents locaux.
Le commerce parallèle de pétrole au Kurdistan irakien, bien que lucratif à court terme, représente un défi majeur pour la stabilité économique et politique de la région. La fermeture du pipeline ITP a non seulement perturbé les flux commerciaux traditionnels mais a également ouvert la porte à des transactions non réglementées qui compliquent la gestion des ressources nationales et internationales. Tandis que les autorités cherchent des solutions pour régulariser et surveiller ce commerce, la question de la transparence et de la répartition équitable des revenus reste un sujet brûlant.