La Turquie connaît une hausse de ses livraisons de granulés de bois vers l’Union européenne (UE) en raison de l’embargo sur la Russie. Le pays enregistre cependant une hausse de la demande interne d’énergie nécessitant une restructuration de son système énergétique.
Hausse des exportations depuis la Turquie
La Turquie constate une multiplication par 7 de ses exportations de granulés de bois vers l’UE. Cette augmentation sensible résulte de l’embargo à l’encontre de la Russie pour l’invasion de l’Ukraine. Toutefois, une majeure partie de ces exportations pourraient être des matériels recertifiés en provenance de Russie.
La Turquie exportait en moyenne 2200 tonnes par mois de granulés de bois vers l’UE avant le conflit russo-ukrainien. Ce bois s’emploie pour la production d’électricité et les besoins domestiques. À partir de juin, ce volume bondissait à une moyenne de 10.000 tonnes par mois, atteignant même 16.000 tonnes en septembre.
En comparaison, la Russie expédiait, avant février 2022, en moyenne 153.000 tonnes par mois vers l’UE. Mais depuis, les volumes sont à zéro en septembre. Ces constats amènent les négociants à s’interroger sur la provenance réelle de ces produits face à une augmentation si rapide des exportations.
Sur le total, exportait ces derniers mois depuis la Turquie, les recherches indiquent que les destinations principales sont la Bulgarie et l’Italie. En effet, la Bulgarie recevait 9000 tonnes et l’Italie 3600 tonnes en septembre. Par ailleurs, les marchés constatent une hausse des prix de la biomasse qui passe de €270 à €300 la tonne pour ceux en provenance de Turquie.
Toutefois, il existe de réserves de bois importantes en Turquie. De plus, le reconditionnement des granulés de bois russes serait une activité onéreuse pour les ports turcs. La tonne de matériel russe rechargé pourrait alors s’élever à €500.
Enfin, le prix des granulés de bois est à la baisse autour de $362 la tonne, après le sommet atteint en octobre à $467 la tonne. Le prix est cependant toujours en hausse de 76% sur l’année. Par ailleurs, la Russie représentait avant le conflit 10% à 20% de l’approvisionnement européen.
Des projets énergétiques ruraux
La Turquie, opère un projet de biogaz dans 17 villes. Un micro-projet de TurkishElectromechanic Industries Co (TEMSAN), prévoyant que les déjections animales dans les fermes pourront, dès trois vaches, produire du gaz naturel. La production permettra alors d’alimenter les besoins en cuisson d’une journée.
Ce projet vise à soutenir les agriculteurs qui n’ont pas accès au gaz. Le procédé technique s’appuie sur l’appareil BİOTEM réalisé par des ingénieurs en Turquie. L’appareil produit un mètre cube de gaz à partir de 20 litres de déchets par jour.
Cette solution permettra de cuisiner trois repas par jour pour un ménage. Le chef de TurkishElectromechanic Industries Co (TEMSAN), Fatih Öztürk, déclare:
« Les villageois ont beaucoup aimé et nous avons reçu des commentaires positifs. Ils brassent et cuisinent leurs repas avec des déchets animaux. »
En outre, un système de surveillance à distance de la qualité du gaz pourra entrer en fonction.
L’appareil BİOTEM entrera prochainement en production de masse. Il existe en effet une forte demande, notamment en Afrique. La production mensuelle représente la quantité d’une grosse bouteille de gaz.
En Turquie, TurkishElectromechanic Industries Co (TEMSAN) travaille également sur un autre projet dénommé MOBİTEM. Il se destine aux zones rurales où l’accès à l’électricité est difficile. Le système s’appuie sur une production individuelle d’électricité avec des panneaux solaires.
L’entreprise réalise également un prototype basé sur un système de recharge d’une batterie sur une journée. Ce dispositif présente un aspect pédagogique car il permet d’enseigner aux enfants comment l’électricité se génère. Ainsi, il pourra s’installer dans les aires de jeux.