La transition énergétique au Royaume-Uni est la priorité du nouveau rapport d’Offshore Renewable Energy Catapult (OREC) et OGTC. La crise sanitaire a durement touché le secteur industriel de la Mer du Nord. 8000 emplois ont déjà été supprimés. Dans ce rapport, les industriels demandent la transition énergétique au nom de la survie du secteur. Ils pressent le gouvernement anglais à investir dans les technologies propres nécessaires pour créer un système énergétique offshore vert.
La transition énergétique doit sauver le secteur durement touché par la crise sanitaire
Un plan de sauvetage massif préconisé
OREC et OGTC estiment qu’un investissement de 416 milliards de livres sterling devrait permettre au secteur d’effectuer sa transition énergétique. Étalé sur 30 ans, il permettrait de miser sur une industrie neutre en carbone en Mer du Nord. Selon OREC et OGTC, cela pourrait débloquer une valeur annuelle de 125 milliards de livres sterling pour l’économie britannique.
À terme, 232 000 emplois seront sauvegardés. Sans cet investissement 30 000 emplois seront menacés d’ici la fin 2021. D’autant plus que la demande totale d’énergie du Royaume-Uni a baissé de 12% cette année. Les projets qui ont été reportés en 2020 pourraient prendre trois ans pour être poursuivis. 2021 s’annonce donc comme une année difficile.
Des conséquences lourdes pour le pays en cas d’inaction
Le rapport dresse un scénario noir si rien n’est fait. Ne pas agir maintenant, fait courir le risque au Royaume-Uni de devenir un acheteur plutôt qu’un fournisseur d’énergie verte. Le pays raterait alors sa transition énergétique. De plus, le royaume laisserait d’importantes retombées économiques sur la table. Plus de 35 milliards de livres sterling d’opportunités d’investissement ont été identifiées d’ici 2030.
Andrew Jamieson, directeur général d’ORE Catapult, démontre bien le double objectif du rapport : sauver les emplois et créer une économie verte.
« Le Royaume-Uni est le leader mondial des énergies renouvelables offshore et nous avons maintenant une opportunité très réelle de capitaliser sur cela et de remodeler une économie autour de l’énergie verte »
Un rapport, trois scénarios pour la transition énergétique
« Reimagining a Net Zero North Sea : an integrated energy vision for 2050 »
Intitulé ainsi, le rapport ne cache pas ses ambitions : une énergie verte en 2050. Il précise que les secteurs du pétrole, du gaz et des énergies renouvelables ont la possibilité de travailler ensemble. Pour cela, ils doivent investir des technologies telles que l’éolien offshore flottant, et l’hydrogène vert. Le rapport présente trois scénarios pour orienter la Mer du Nord vers l’énergie verte.
« Emerging »
Dans ce premier scénario, les énergies renouvelables jouent un rôle croissant. Cependant, le gaz reste un contributeur majeur au mix énergétique tout comme le besoin de captage et stockage du carbone (CSC).
« Progressive »
Ce scénario propose qu’une part accrue des énergies renouvelables domine le marché de l’électricité. Le mix est complété avec d’hydrogène vert, laissant un rôle majeur pour le CSC.
« Transformational »
Ce dernier décrit un système énergétique alimenté par l’éolien offshore et l’hydrogène vert. La demande de pétrole et de gaz est compensée par un approvisionnement domestique propre.
La directrice générale de l’OGTC, Colette Cohen, voit ces programmes comme un bilan de ce qui doit être fait :
« Ces scénarios détaillés brossent un tableau de ce à quoi le système énergétique offshore du Royaume-Uni pourrait ressembler d’ici 2050 »
Une réponse politique favorable à ces plans de transition énergétique
Des politiques qui mesurent l’importance de cette transition
L’économie britannique s’est rétractée de 11% par rapport à l’année dernière. Une inaction en mer du Nord serait une catastrophe économique et énergétique.
Le ministre britannique de l’Énergie, Kwasi Kwarteng, a bien compris tout l’enjeu d’un tel investissement :
« La protection des emplois hautement qualifiés dans l’industrie pétrolière et gazière est importante pour nos aspirations au net zéro, car nous avons besoin des mêmes compétences, entreprises et infrastructures pour soutenir les solutions écologiques. C’est pourquoi nous nous sommes engagés à soutenir la transition énergétique avec un accord de transition transformationnel en mer du Nord et j’ai hâte de travailler aux côtés de l’industrie pour atteindre notre objectif de premier plan mondial visant à atteindre zéro émission nette de gaz à effet de serre d’ici 2050.»
Il en est de même pour le ministre écossais de l’Énergie, Paul Wheelhouse. Il voit le rapport comme une base solide de travail pour les pouvoirs publics :
« Les trois scénarios décrits nous fournissent des informations supplémentaires pour soutenir et accélérer le développement d’une vision énergétique intégrée actualisée, en s’appuyant sur notre stratégie énergétique écossaise de 2017.»
Des négociations qui trainent
OGTC est en pourparlers avec le gouvernement sur un accord de transition vers la mer du Nord. L’une des missions de ces tractations est de soutenir le développement de la chaîne d’approvisionnement. Cependant, il faut prendre en compte la compensation de l’impact de la réduction des travaux pétroliers et gaziers. C’est sur ce point là que le dialogue s’éternise.
Certes, des progrès sont en cours mais ils en sont encore à leurs débuts. Le gouvernement devrait publier un livre blanc sur l’énergie dans les semaines à venir.
L’urgence est là, le gouvernement doit faire vite. Environ une entreprise sur cinq travaillant dans le secteur pétrolier et gazier de la mer du Nord s’attend à supprimer des emplois l’année prochaine. Ce serait un véritable coup du pour le pays qui espère réussir sa transition énergétique d’ici 2050.