La Tanzanie a inauguré la construction d’une usine de traitement d’uranium à Namtumbo, fruit d’un partenariat avec la société d’État russe Rosatom. Ce projet industriel, d’un montant total de 1,2 milliard $ (USD), doit permettre au pays de renforcer ses capacités dans le secteur des matières premières stratégiques et d’augmenter ses recettes issues de l’exportation. La présidente Samia Suluhu Hassan a procédé à l’inauguration officielle du site, en présence des représentants de l’industrie minière et des autorités locales.
Déploiement industriel et ambitions de la Tanzanie
L’exploitation et la gestion de l’usine ont été confiées à Mantra Tanzania Limited, filiale de Rosatom. Les installations sont dimensionnées pour traiter environ 300 000 tonnes d’uranium sur une période de vingt ans, avec un début de production industrielle prévu pour 2026. Selon le ministère des Mines, la Tanzanie ambitionne de devenir le troisième producteur d’uranium du continent africain, derrière le Niger et la Namibie, et d’intégrer le cercle des dix premiers producteurs mondiaux. Le gisement du fleuve Mkuju contiendrait 139 millions de tonnes de réserves, assurant une exploitation estimée à vingt-deux ans.
Retombées économiques et régulation environnementale
Le gouvernement tanzanien prévoit d’importantes recettes à travers les taxes, les redevances et l’exportation du minerai traité. L’État compte sur ce projet pour créer de nouveaux emplois, développer l’expertise locale et accroître l’apport en devises étrangères. La présidente a rappelé l’exigence de respecter strictement le cadre réglementaire, demandant à Mantra Tanzania Limited d’appliquer rigoureusement l’Étude d’Impact Environnemental (EIE) et aux autorités de renforcer la supervision.
Préoccupations environnementales dans la zone du Selous
L’emplacement du projet, à proximité de la réserve du Selous et du parc national Nyerere, a suscité des inquiétudes de la part d’organisations de conservation de la faune depuis plus d’une décennie, en particulier concernant les corridors migratoires des éléphants reliant la Tanzanie au Mozambique. Pour répondre à ces enjeux, une zone de 350 km² a été soustraite à la réserve et dédiée à l’exploitation minière. Mantra Tanzania Limited a versé 800 000 USD au ministère des Ressources naturelles pour financer la lutte contre le braconnage et soutenir les programmes de conservation.
La Tanzanie poursuit ainsi sa stratégie de valorisation de ses ressources minières, tout en mettant en avant la nécessité d’un encadrement strict des impacts environnementaux dans les zones protégées.