Depuis le 1er janvier, la Slovaquie ne reçoit plus de gaz russe via l’Ukraine, conséquence de l’expiration du contrat de transit signé entre Moscou et Kiev en 2019. En réponse, le pays a rapidement trouvé une alternative en redirigeant ses importations à travers la Turquie et la Hongrie, grâce au gazoduc TurkStream. Cette infrastructure, mise en service en 2020, permet d’acheminer directement le gaz russe sous la mer Noire jusqu’au territoire turc avant d’être redistribué en Europe.
Un rétablissement partiel des livraisons
Selon le fournisseur national d’énergie slovaque SPP (Slovenský Plynárenský Priemysel), Gazprom, le géant gazier russe, a repris ses livraisons vers la Slovaquie via cette nouvelle route. Ondrej Sebesta, porte-parole de SPP, a confirmé que l’acheminement était déjà effectif et qu’il devrait doubler en volume dès le mois d’avril. Vojtec Ferencz, directeur général de SPP, a précisé que cette alternative garantissait une stabilité aux importations slovaques malgré la coupure du transit ukrainien.
Une position divergente au sein de l’Union européenne
Le Premier ministre slovaque Robert Fico a dénoncé la perte des droits de passage liés au transit du gaz par l’Ukraine et a exprimé sa volonté de maintenir des relations commerciales avec Moscou. Cette position contraste avec celle de la majorité des États membres de l’Union européenne, qui ont réduit leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.
En décembre dernier, Robert Fico s’est rendu à Moscou pour négocier un accord énergétique avec le président russe Vladimir Poutine, une initiative qui a provoqué d’importantes manifestations en Slovaquie. Son approche est alignée sur celle de la Hongrie, où le Premier ministre Viktor Orban continue d’affirmer son partenariat énergétique avec la Russie.
TurkStream, un axe majeur du gaz russe vers l’Europe
TurkStream est aujourd’hui l’une des seules voies d’exportation restantes pour le gaz russe vers l’Europe. Ce gazoduc de 930 kilomètres relie directement les réserves russes au réseau turc, avant d’alimenter plusieurs pays, dont la Bulgarie, la Serbie et la Hongrie via son prolongement, Balkan Stream.
Depuis la fin du transit ukrainien et après le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique, la Russie utilise principalement cette route pour exporter son gaz vers l’Europe. Par ailleurs, les importations européennes de gaz naturel liquéfié (GNL) russe se poursuivent malgré l’embargo en vigueur sur le pétrole brut.
L’évolution de cette dépendance énergétique et les alternatives envisagées par l’Union européenne pour sécuriser son approvisionnement restent des sujets stratégiques pour le marché de l’énergie.