La shadow fleet russe bouleverse les équilibres pétroliers mondiaux en Asie

Des centaines de tankers vieillissants transportent du pétrole russe vers l'Asie, contournant les sanctions occidentales tout en créant des risques environnementaux majeurs et transformant les flux commerciaux mondiaux.

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Les marchés pétroliers asiatiques connaissent une transformation structurelle profonde depuis 2022, alimentée par l’émergence d’une flotte parallèle de navires-citernes transportant du brut russe en dehors des circuits traditionnels. Cette reconfiguration des flux énergétiques, qui représente désormais plus de 600 milliards de dollars de transactions depuis février 2022, redéfinit les équilibres régionaux et soulève des interrogations croissantes sur la sécurité maritime. Les raffineurs japonais, sud-coréens et taïwanais observent avec attention cette évolution qui affecte directement leurs stratégies d’approvisionnement et leurs coûts de procurement. La structure de prix Dubai, référence pour les bruts du Moyen-Orient, s’est établie à une moyenne de 3 dollars le baril en backwardation au troisième trimestre, reflétant les tensions sur le marché physique.

Des mécanismes de paiement alternatifs bouleversent le système financier

Les transactions pétrolières entre la Russie et ses acheteurs asiatiques s’effectuent désormais à travers un système complexe de devises alternatives, contournant le dollar américain. Les paiements indiens pour le pétrole russe se répartissent entre le yuan chinois pour environ 10%, le dirham des Émirats arabes unis et la roupie indienne pour le reste. Cette architecture financière, mise en place progressivement depuis mars 2022, génère des frictions opérationnelles significatives, avec des délais de traitement pouvant atteindre 18 jours pour certaines transactions. La Russie accumule des réserves importantes en roupies qu’elle peine à utiliser, compte tenu du déséquilibre commercial avec New Delhi, créant une pression pour augmenter la part des paiements en yuan, devise plus facilement convertible sur les marchés internationaux.

Les volumes transitant par ces nouveaux canaux atteignent des niveaux records, avec des importations indiennes de pétrole russe valorisées à 52,73 milliards de dollars en 2024, tandis que la Chine a importé 108,5 millions de tonnes sur la même période. Ces flux massifs ont permis à la Russie de maintenir des revenus pétroliers substantiels malgré les sanctions, générant environ 580 milliards de dollars depuis le début du conflit ukrainien. Le système de paiement alternatif s’appuie notamment sur le Cross-Border Interbank Payment System (CIPS) chinois, qui traite désormais une part croissante des transactions énergétiques asiatiques, réduisant la dépendance au système SWIFT traditionnel.

La faille du raffinage transforme l’Inde en hub de réexportation

Les raffineries indiennes ont développé un modèle économique sophistiqué exploitant une lacune réglementaire majeure dans le dispositif de sanctions occidentales. Les complexes de Jamnagar, Vadinar et New Mangalore importent massivement du brut russe à prix réduit, le raffinent, puis exportent les produits finis vers l’Europe et les États-Unis sans enfreindre techniquement les sanctions. Les exportations indiennes de produits raffinés vers l’Union européenne ont bondi de 58% au cours des trois premiers trimestres de 2024, faisant de l’Inde le premier fournisseur européen de produits pétroliers raffinés. Cette dynamique représente 238 000 barils par jour de diesel et 81 000 barils par jour de carburant aviation exportés vers l’Europe, générant des marges substantielles pour les raffineurs indiens.

Le Centre for Research on Energy and Clean Air estime qu’un tiers des exportations indiennes de produits raffinés vers les pays appliquant le plafonnement des prix provient du pétrole russe, représentant une valeur de 6,16 milliards d’euros sur treize mois. Cette situation crée une asymétrie économique notable, les raffineurs indiens bénéficiant d’économies estimées à 13 milliards de dollars sur leurs importations de brut depuis 2022, tout en vendant les produits raffinés aux prix du marché international. Les autorités européennes reconnaissent cette faille mais peinent à la combler sans perturber leurs propres approvisionnements en produits raffinés, créant un dilemme politique et économique complexe.

Une flotte vieillissante menace les écosystèmes maritimes

La shadow fleet russe, estimée entre 600 et 1400 navires selon les sources, pose des risques environnementaux croissants dans les principales routes maritimes mondiales. L’âge moyen de ces tankers atteint 18 à 20 ans, certains navires dépassant les 30 ans d’exploitation, bien au-delà des standards de sécurité habituels de l’industrie. La catastrophe de décembre 2024 en mer Noire, où deux tankers russes ont déversé 9 200 tonnes de mazout, contaminant plus de 60 kilomètres de côtes et causant la mort de milliers d’oiseaux, illustre tragiquement ces dangers. Les assureurs traditionnels refusent de couvrir ces navires, laissant place à des compagnies russes comme Ingosstrakh et Alfastrakhovanie, dont la capacité financière à couvrir des sinistres majeurs reste douteuse.

Le trafic en mer Baltique présente des risques particulièrement aigus, avec une augmentation de 70% du nombre de tankers russes passant le long des côtes allemandes depuis 2021. Ces navires utilisent régulièrement des techniques d’évitement incluant la falsification de signaux AIS (Automatic Identification System), les transferts ship-to-ship en haute mer et la manipulation de documents d’origine. Les autorités estoniennes ont intercepté plusieurs navires suspects, incluant le tanker Eagle S soupçonné d’avoir endommagé le câble électrique sous-marin Estlink 2. La multiplication des incidents, avec une moyenne de deux accidents par mois impliquant des tankers de la shadow fleet, soulève des inquiétudes croissantes sur la capacité des États côtiers à gérer une marée noire majeure.

Les dynamiques OPEC+ reconfigurent les approvisionnements asiatiques

L’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés maintiennent des réductions de production totalisant 5,86 millions de barils par jour, représentant 5,7% de la demande mondiale, dans un contexte où l’Arabie saoudite nécessite un prix du Brent à 81 dollars le baril pour équilibrer son budget national. Ces restrictions, prolongées jusqu’à fin 2025 avec une augmentation graduelle prévue à partir d’avril 2025, créent des opportunités pour le pétrole russe vendu avec des décotes substantielles. Les raffineurs asiatiques diversifient activement leurs sources d’approvisionnement, avec des importations records de brut américain WTI Midland en Corée du Sud et les premiers achats significatifs de pétrole canadien via le pipeline Trans Mountain par ENEOS au Japon et GS Caltex en Corée.

La capacité de raffinage asiatique continue son expansion massive, la Chine dépassant 19 millions de barils par jour en 2024 et l’Inde ajoutant 900 000 barils par jour supplémentaires en 2025. Cette surcapacité structurelle, combinée aux flux de pétrole russe à prix réduit, transforme la région en hub de raffinage mondial, avec des implications majeures pour les marchés de produits raffinés. Les nouveaux complexes chinois comme Yulong (400 000 barils par jour) se concentrent sur la production pétrochimique, tandis que les expansions indiennes visent principalement les carburants de transport, reflétant les divergences dans les trajectoires de transition énergétique des deux géants asiatiques.

Les sanctions occidentales contre le pétrole russe, initialement conçues pour limiter les revenus de Moscou tout en maintenant la stabilité des marchés énergétiques, produisent des effets complexes et parfois contradictoires. Le plafonnement des prix à 60 dollars le baril, censé être le mécanisme central de contrôle, s’avère largement inefficace avec seulement 35% des tankers russes utilisant encore l’assurance occidentale. Les tentatives récentes d’enforcement, incluant les sanctions américaines contre 183 navires en janvier 2025, perturbent temporairement les flux mais ne parviennent pas à endiguer durablement le commerce. Les raffineurs asiatiques, particulièrement en Inde et en Chine, ont développé des écosystèmes commerciaux sophistiqués permettant de maintenir, voire d’augmenter, leurs importations de pétrole russe tout en respectant techniquement les cadres réglementaires internationaux. Cette situation soulève des questions fondamentales sur l’efficacité des sanctions énergétiques dans un marché mondial interconnecté et sur les conséquences non intentionnelles de ces politiques pour la sécurité énergétique et environnementale mondiale.

La Cour suprême des États-Unis juge ExxonMobil sur les saisies cubaines de 1960

La Cour suprême des États-Unis entendra le recours d’ExxonMobil visant à obtenir une indemnisation de sociétés cubaines pour des actifs pétroliers nationalisés en 1960, relançant l'application de la loi Helms-Burton.

Un incendie maîtrisé à la raffinerie Chevron d’El Segundo, enquête en cours

Un important incendie a été éteint dans la principale raffinerie de Chevron sur la côte ouest des États-Unis. L'origine du sinistre reste inconnue, et une enquête a été ouverte pour en déterminer la cause.

L’OPEP+ prépare une nouvelle hausse de production sur fond de divergences entre Riyad et Moscou

Huit pays membres de l’OPEP+ s’apprêtent à relever leur production de pétrole dès novembre, tandis que l’Arabie saoudite et la Russie débattent de l’ampleur de cette augmentation dans un contexte de tensions sur les parts de marché.
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La Chine pourrait approvisionner la Russie en essence si Moscou supprime les droits d’importation

L’éventuelle suppression par Moscou des droits sur l’essence chinoise ravive les perspectives d’exportation et pourrait tendre l’approvisionnement régional, alors que Singapour et la Corée du Sud restent à l’écart.

Poutine dénonce une “piraterie” après l’arraisonnement d’un pétrolier au large de la France

Vladimir Poutine a réagi à l’interception d’un pétrolier suspecté d’appartenir à la flotte fantôme russe, qualifiant l’opération française de “piraterie” et niant toute implication directe de la Russie.

Le pétrolier russe Boracay reprend la mer après son arraisonnement par la France

Après son interception par la marine française, le pétrolier Boracay, lié à la flotte fantôme russe, a quitté Saint-Nazaire avec sa cargaison de pétrole, relançant les tensions autour du contournement des sanctions européennes par Moscou.
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Les exportations de brut russe atteignent un sommet de 18 mois malgré les sanctions

Les exportations maritimes de pétrole brut russe ont bondi en septembre, atteignant leur plus haut niveau depuis avril 2024, malgré les sanctions du G7 et les attaques ciblées sur les infrastructures de raffinage.

Moscou écarte une interdiction des exportations de diesel pour les producteurs

Le ministère de l’Énergie de Russie a déclaré ne pas envisager de bloquer les exportations de diesel des producteurs, malgré les tensions croissantes sur l’approvisionnement intérieur en carburants.

TotalEnergies cède des actifs pétroliers en Norvège à Vår Energi pour réduire sa dette

TotalEnergies a conclu un accord de cession de champs pétroliers matures en mer du Nord à Vår Energi, dans le cadre d’un plan visant à lever $3.5bn pour alléger son endettement croissant.
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La Russie prolonge l’interdiction d’exportation d’essence et de diesel jusqu’en 2025

Le gouvernement russe a décidé d'étendre l'interdiction des exportations d'essence et de diesel, y compris les carburants échangés en bourse, afin de préserver la stabilité du marché intérieur jusqu'à la fin de l'année prochaine.

OPEP dément une hausse imminente de la production de huit pays membres de l’OPEP+

L’OPEP a formellement rejeté les rumeurs relayées par certains médias faisant état d’une augmentation coordonnée de la production pétrolière par huit pays de l’OPEP+ avant leur réunion prévue le 5 octobre.

International Petroleum finalise le rachat de 7,46 millions d’actions ordinaires

International Petroleum Corporation a complété son programme annuel de rachat d’actions ordinaires, réduisant son capital de 6,2 % et envisage une reconduction dès décembre, sous réserve de validation réglementaire.
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Kansai EPCO retirera 1,2GW de capacité pétrolière à Gobo d’ici juin 2026

Kansai Electric Power prévoit l’arrêt définitif de deux unités au fioul lourd à la centrale de Gobo, représentant 1,2GW de capacité, dans le cadre de la réorganisation de son portefeuille de production.

Questerre finalise l’acquisition de PX Energy et lance une coentreprise avec Nimofast

La canadienne Questerre s’associe à Nimofast pour développer PX Energy au Brésil, avec un engagement financier initial pouvant atteindre $50mn et une gouvernance partagée à parts égales.

Les revenus pétro-gaziers russes attendus en baisse à $206.1bn en 2025

La Russie prévoit une contraction de 12.5 % de ses revenus issus du pétrole et du gaz en 2025, avant une reprise progressive jusqu’en 2028, selon les projections économiques officielles du gouvernement.
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Le marché des équipements pétroliers atteindra $36,87bn d’ici 2031 grâce à la demande mondiale

Porté par la croissance énergétique mondiale et les investissements dans l’exploration, le marché des équipements de services pétroliers devrait enregistrer un taux de croissance annuel de 5,39 % pour atteindre $36,87bn d’ici 2031.

Les sanctions américaines contre NIS repoussées de huit jours selon Belgrade

Les sanctions américaines contre la société pétrolière serbe NIS, détenue par Gazprom, ont été reportées de huit jours après des discussions entre Belgrade et Washington, a annoncé le président Aleksandar Vucic.

PENGASSAN bloque l’approvisionnement en gaz de la raffinerie Dangote après des licenciements massifs

Le principal syndicat pétrolier nigérian a ordonné la suspension des livraisons de gaz et de brut à la raffinerie Dangote, après le licenciement de centaines de travailleurs locaux, alimentant un conflit social à fort impact industriel.
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Vitol acquiert 30 % du champ pétrolier Baleine en Côte d’Ivoire auprès d’Eni

Vitol renforce sa présence en Afrique de l’Ouest en entrant au capital du champ pétrolier Baleine, cédé à 30 % par Eni, tout en conservant un rôle actif dans le développement offshore du pays.

ShaMaran signe un accord pour relancer les exportations de pétrole via l’oléoduc Irak-Türkiye

ShaMaran et plusieurs compagnies pétrolières internationales ont conclu un accord provisoire avec Bagdad et Erbil pour reprendre les exportations de pétrole brut du Kurdistan par oléoduc, interrompues depuis plusieurs mois.