Le président de la République de Serbie, Aleksandar Vucic, a indiqué que son gouvernement souhaitait renouveler son accord d’approvisionnement en gaz naturel avec la Fédération de Russie aux mêmes conditions que l’actuel, voire plus avantageuses. Cette déclaration a été faite après sa rencontre avec le président Vladimir Poutine à Moscou le 9 mai. Le contrat actuel, signé en mai 2022, prévoit la livraison annuelle de 2,2 milliards de mètres cubes de gaz via le gazoduc TurkStream, à un tarif indexé à 100 % sur le prix du pétrole.
Prolongation sans modification si aucun nouvel accord signé
Le président serbe a ajouté que si un nouvel accord n’était pas conclu avant l’échéance du 31 mai, les livraisons de gaz se poursuivraient selon les mêmes modalités. « Je crois que, même si la date du 31 mai est dépassée, nous recevrons les mêmes conditions qu’auparavant », a déclaré Vucic lors d’une intervention sur la chaîne publique RTS. La Serbie reste fortement dépendante du gaz russe, transporté via la Bulgarie, et joue également un rôle de transit vers la Hongrie.
Le président russe a affirmé que la Russie continuerait à garantir la sécurité énergétique de la Serbie. « La fiabilité de l’approvisionnement crée des conditions favorables à l’activité économique en Serbie », a déclaré Vladimir Poutine, soulignant que Gazprom respecte ses obligations contractuelles et reste prêt à fournir des volumes supplémentaires.
Un modèle tarifaire avantageux pendant la crise énergétique
Le mécanisme d’indexation pétrolière du contrat a permis à la Serbie d’acheter du gaz à un prix inférieur à celui observé sur les marchés européens au plus fort de la crise énergétique. Selon Platts, division de S&P Global Commodity Insights, le prix du mois suivant sur la plateforme néerlandaise TTF (Title Transfer Facility) avait atteint un record de 319,98 €/MWh le 26 août 2022. Au 9 mai, ce tarif était évalué à 34,55 €/MWh.
Parallèlement, la Serbie a signé en octobre 2024 un accord portant sur des volumes supplémentaires de gaz russe, destinés aux entreprises russes présentes sur son territoire, avec une capacité d’achat de 2 millions de mètres cubes par jour et une option pour 3 millions de plus en période de pointe.
Objectif de stabilité à moyen et long terme
Dusan Bajatovic, directeur général de la société nationale Srbijagas, a déclaré en mars que la Serbie visait un volume de 2,5 milliards de mètres cubes par an pour une période contractuelle de trois à dix ans. Il a souligné l’importance de maintenir une flexibilité d’approvisionnement, notamment durant les périodes de forte consommation hivernale.
Bien que la Serbie conserve des liens énergétiques étroits avec Moscou, elle a élargi ses options en matière d’importation de gaz. Depuis décembre 2023, un nouvel interconnecteur avec la Bulgarie permet au pays d’accéder à 1,8 milliard de mètres cubes par an de gaz provenant d’Azerbaïdjan ou de gaz naturel liquéfié regazéifié via la Grèce et la Turquie.
Cadre réglementaire en évolution et diversification
Dans le cadre d’un accord signé en novembre 2023, l’entreprise publique azerbaïdjanaise Socar (State Oil Company of the Azerbaijan Republic) a convenu de fournir jusqu’à 400 millions de mètres cubes de gaz à la Serbie en 2024. Selon la ministre de l’Énergie Dubravka Dedovic Handanovic, ces volumes pourraient tripler à partir de 2027.
L’environnement réglementaire de la Serbie, marqué par l’équilibre entre sécurité d’approvisionnement et diversification des sources, reste un enjeu central dans la définition de sa politique énergétique. Le pays poursuit ainsi des négociations bilatérales tout en intégrant de nouvelles infrastructures transfrontalières dans son réseau gazier.