La compagnie Naftna Industrija Srbije (NIS) a entamé mardi la mise à l’arrêt de l’unique raffinerie de Serbie, invoquant un manque de pétrole brut disponible à la transformation. Cette décision intervient près de deux mois après que le Département du Trésor des États-Unis a imposé des sanctions à l’encontre de NIS, une entité majoritairement détenue par des groupes russes.
Le gouvernement américain exige que les actionnaires russes de NIS, à savoir Gazprom et Intelligence, représentant ensemble environ 56 % du capital, se retirent complètement. À ce jour, aucune cession n’a été confirmée. Cette impasse bloque les flux logistiques d’hydrocarbures vers la raffinerie, responsable de la majorité de l’approvisionnement pétrolier du pays.
Pressions financières et risques systémiques
En réponse à cette crise, le président serbe Aleksandar Vucic a déclaré mardi que l’État autoriserait exceptionnellement NIS à effectuer des transactions financières d’ici la fin de la semaine pour garantir le paiement des salaires et des fournisseurs. Il a ajouté que tout lien prolongé entre le gouvernement et NIS pourrait exposer la Serbie à un effondrement de son système financier, en raison de potentielles sanctions secondaires.
La Banque nationale de Serbie avait déjà mis en garde contre ce scénario. Les restrictions imposées aux entités sous sanctions pourraient se propager à l’ensemble du secteur bancaire local, limitant les opérations avec d’autres institutions étrangères.
Impact logistique et alternatives nationales
NIS fournit environ 80 % des produits pétroliers distribués en Serbie et détient près de 20 % du réseau de stations-service. Le gouvernement a annoncé qu’il garantirait l’approvisionnement en carburants essentiels à travers d’autres opérateurs. Selon les autorités, l’essence, le gazole et le kérosène seront disponibles sans interruption, assurant ainsi la continuité du transport aérien et routier.
L’État serbe, qui détient environ 30 % de NIS, avait vendu une participation majoritaire de 51 % au groupe Gazprom en 2008 pour 400 millions d’euros. Depuis, la société affirme avoir reçu plus de 4 milliards d’euros d’investissements cumulés. Le reste du capital est réparti entre plusieurs actionnaires minoritaires.
Incertitudes sur le gaz et prolongement des négociations
Parallèlement à la situation pétrolière, la Serbie est en discussions avancées avec Moscou concernant un renouvellement de contrat de fourniture de gaz, couvrant près de 90 % de sa consommation. Ce contrat arrive à échéance à la fin du mois. Le président Vucic a averti que sans accord d’ici la fin de la semaine, Belgrade ouvrirait des pourparlers avec d’autres fournisseurs à partir de lundi.
Cette double dépendance énergétique à la Russie, couplée à la pression exercée par les mesures extraterritoriales américaines, place le gouvernement serbe dans une position diplomatique et économique délicate, avec des enjeux cruciaux pour la stabilité de son infrastructure énergétique.