Le gouvernement serbe intensifie ses efforts pour réactiver l’énergie nucléaire, malgré une interdiction en vigueur depuis 1989. À l’époque, cette interdiction avait été instaurée après la catastrophe de Tchernobyl. Cependant, la volonté de diversifier ses sources d’énergie pousse aujourd’hui la Serbie à envisager de lever cette interdiction.
Lors d’une réunion récente entre le vice-premier ministre serbe, Aleksandar Vulin, et le directeur général de Rosatom, Alexei Likhachev, les discussions ont porté sur des coopérations élargies en matière de technologies nucléaires, notamment dans des applications non énergétiques. Les deux parties ont également examiné l’implication des entreprises russes dans des projets en Serbie et la participation d’entreprises serbes dans des projets internationaux.
Une ambition soutenue par des partenariats internationaux
En mars 2024, lors du Sommet de l’énergie nucléaire à Bruxelles, le président serbe Aleksandar Vučić avait déjà exprimé son désir de mobiliser un soutien public pour la levée de l’interdiction sur le nucléaire. L’objectif est d’atteindre une capacité de production de 1200 MW grâce aux petits réacteurs modulaires (SMR), une technologie plus sûre et plus flexible que les réacteurs traditionnels.
Le gouvernement serbe a pris des mesures concrètes pour réaliser cet objectif. Le ministère serbe de l’Énergie a attribué un contrat à l’entreprise française EDF et à la société de conseil en ingénierie Egis pour mener une étude technique sur l’utilisation potentielle de l’énergie nucléaire dans le pays. Ce partenariat marque une première étape vers l’intégration du nucléaire dans le mix énergétique de la Serbie.
Une stratégie nationale en cours de développement
En plus des partenariats avec EDF et Egis, la Serbie a réuni un groupe d’experts nationaux et internationaux pour développer un programme énergétique nucléaire. Ce groupe est chargé d’étudier les différents scénarios d’intégration de l’énergie nucléaire dans le Plan national intégré énergie-climat, qui définit les orientations énergétiques du pays pour les années à venir.
La Serbie a également engagé des discussions avec l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) pour bénéficier de son expertise en matière de sûreté et de développement des infrastructures nucléaires. Cette coopération vise à assurer que les normes internationales soient respectées, tout en garantissant une transition en toute sécurité vers l’énergie nucléaire.
Un potentiel tournant énergétique
Si les discussions actuelles aboutissent, la Serbie pourrait rejoindre la liste croissante des pays européens misant sur l’énergie nucléaire pour réduire leur dépendance aux combustibles fossiles. Les petits réacteurs modulaires (SMR), avec une capacité moindre mais une flexibilité accrue, sont perçus comme une solution efficace pour répondre aux besoins énergétiques futurs tout en minimisant les risques associés aux grandes centrales nucléaires.