La Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG) a annoncé une mobilisation nationale contre la fraude énergétique, responsable de pertes financières majeures pour l’opérateur public. Selon les données rendues publiques par sa direction, entre 30 et 40 milliards de francs CFA (soit entre $49mn et $66mn) sont perdus chaque année du fait de branchements illicites et de compteurs manipulés.
La situation est particulièrement préoccupante dans la région du Grand Libreville, où les détournements représenteraient un manque à gagner mensuel supérieur à 2 milliards de francs CFA ($3.3mn). Steeve Saurel Legnongo, directeur général de la SEEG, a indiqué que près de 25 % de l’énergie injectée dans le réseau national ne serait pas facturée, mettant en péril la viabilité économique du secteur.
Une entreprise fragilisée par des pertes structurelles
Déjà confrontée à d’importantes difficultés financières, la SEEG avait été placée sous administration provisoire en août 2024. Cette mesure, levée en mai 2025, visait à restaurer l’équilibre budgétaire de l’entreprise et à restructurer sa gouvernance. La lutte contre la fraude s’inscrit désormais comme une priorité pour consolider les efforts de redressement engagés.
Un plan d’action a été lancé, incluant un renforcement des opérations de contrôle sur le terrain. À Libreville, 780 installations ont été inspectées en 2024, révélant 209 cas de fraude en seulement trois jours. L’entreprise prévoit d’intensifier ces campagnes dans d’autres zones sensibles du pays.
Capteurs intelligents et communication ciblée
La SEEG prépare également le déploiement progressif de compteurs intelligents, capables de signaler automatiquement les anomalies de consommation. Ce dispositif technique sera accompagné d’une campagne de sensibilisation à destination des ménages et entreprises, visant à rappeler les sanctions encourues et à encourager une consommation conforme.
Ce double axe – technologique et pédagogique – est destiné à renforcer l’efficacité des dispositifs de lutte contre les pertes non techniques. La direction de la SEEG a déclaré que la coopération de la population sera un facteur déterminant dans la réussite du programme, qui vise à rétablir un climat de confiance entre l’opérateur et les abonnés.
Selon les projections du ministère de l’Accès universel à l’Eau et à l’Énergie, environ $3.3bn sur sept ans seraient nécessaires pour moderniser l’infrastructure électrique du pays. La réduction des pertes liées à la fraude constitue ainsi un levier immédiat pour améliorer la performance financière du secteur.