La Russie prévoit de ramener sa production pétrolière à un niveau stable de 10,8 millions de barils par jour (b/j) dans les années à venir, selon les déclarations du vice-Premier ministre Alexandre Novak publiées le 12 mai dans la revue Energy Policy. Cette hausse serait soutenue par une reprise de la demande mondiale et des réformes fiscales destinées à renforcer les investissements nationaux dans le secteur.
Investissements fiscaux et accès technologique ciblés
Alexandre Novak a souligné que cette ambition repose sur une modernisation technologique et une exploitation accrue des ressources dites complexes. « Cela nécessite le renouvellement en temps opportun de la base de ressources, notamment par l’ajout d’un grand volume de ressources difficiles à produire et l’utilisation de technologies plus modernes », a-t-il déclaré. Il a également mentionné que 60 % des réserves pétrolières russes sont localisées dans des gisements abandonnés, inondés ou techniquement complexes.
Selon lui, la réforme du système fiscal est une condition essentielle pour rentabiliser ces nouveaux types de gisements. Le gouvernement vise ainsi à encourager le développement des ressources dans des régions telles que l’Arctique, la Sibérie orientale et l’Extrême-Orient russe. Novak a affirmé que ce redressement de la production pourrait également avoir un effet structurant sur l’industrie nationale.
Doutes persistants sur le potentiel de reprise
Cependant, plusieurs experts extérieurs restent sceptiques. Selon les analystes de S&P Global Commodity Insights, le recul de la production depuis 2022 ne s’explique pas uniquement par les quotas de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (OPEP+), mais aussi par une baisse des investissements et un accès limité aux technologies internationales en raison des sanctions économiques.
En mars 2024, la production de pétrole brut russe a été estimée à 8,97 millions b/j, contre 9,42 millions b/j un an plus tôt, selon l’enquête OPEP+ de S&P Global Commodity Insights. En incluant les condensats et les liquides de gaz naturel (NGL), la production totale de la Russie pour 2024 est estimée à 10,74 millions b/j.
OPEP+ et part de marché mondiale
Dans ce contexte, Novak a défendu la participation continue de la Russie au groupe OPEP+, affirmant que les quotas de production ont permis de stabiliser les prix et d’accroître les revenus pétroliers du pays. Il a également indiqué que les pays membres de l’OPEP+ pourraient voir leur part du marché mondial passer de 49 % à 52 % d’ici 2050, si la demande continue sa progression.
Les perspectives de Novak ont fait écho aux déclarations du directeur général de Saudi Aramco, Amin Nasser, qui a lui aussi prédit une croissance constante de la demande au moins jusqu’en 2025. Malgré cela, les analystes restent prudents quant à la capacité réelle de la Russie à inverser la tendance baissière de sa production sans un accès élargi aux technologies occidentales, que les grandes entreprises pétrolières étrangères hésitent toujours à fournir.