La Russie, alors que les observateurs s’attendaient à une baisse des profits liés aux exportations énergétiques, parvient à contourner les sanctions occidentales.
Selon Moscou, les bénéfices liés aux exportations énergétiques devraient augmenter de 38% par rapport à 2021. L’augmentation des volumes de pétrole et la flambée des prix du gaz expliquent en partie ses bénéfices. Toutefois, les sanctions affectent certains pans de l’économie russe.
Des bénéfices en hausse pour la Russie
La Russie voit ses volumes d’exportations de pétrole augmenter, selon un document du ministère de l’Économie. Désormais, les exportations russes d’énergie s’élèvent cette année à 337,5 milliards de dollars. Cela représente une augmentation de 38% par rapport à 2021.
Par conséquent, ces recettes permettent à Vladimir Poutine de disposer de liquidités pour soutenir l’économie russe. Dans un contexte interne de récession économique et de forte inflation, ces liquidités permettront d’augmenter les salaires et les retraites. De plus, Poutine pourra continuer à financer sa guerre en Ukraine.
Pourtant, le contexte est, à l’origine, plutôt défavorable pour la Russie. D’une part, l’invasion en Ukraine en février a entraîné la fermeture d’une route gazière. De ce fait, la Russie, premier fournisseur d’Europe, voit ses flux de gaz réduits cette année.
D’autre part, Moscou n’a plus approvisionné certains pays européens qui ont refusé de payer le gaz en roubles. Puis, le gazoduc Nord Stream 1 fait l’objet d’un différend constant entre l’Allemagne et la Russie à propos de la réparation d’une turbine.
L’impact des sanctions occidentales
Malgré les craintes initiales de Moscou, les prévisions du ministère de l’Économie montrent que l’économie russe supporte mieux que prévu les sanctions.
Pour rappel, le ministère a, dans le passé, alerté sur une possible contraction de l’économie russe, de l’ordre de 12%. Cette donnée aurait été la plus forte baisse de la production économique du pays depuis l’effondrement de l’URSS.
Selon le document, la Russie a augmenté progressivement sa production de pétrole à la suite des sanctions. Les acheteurs asiatiques ont suivi l’offre russe en augmentant leurs achats. Par exemple, les importations de pétrole russe en Inde atteignent un record. De ce fait, Moscou a pu augmenter ses prévisions de production et d’exportation jusqu’à fin 2025.
Bien que l’approvisionnement de gaz en Chine augmente d’après Gazprom, l’Europe reste le premier grand marché pour le gaz russe.
En outre, Janis Kluge, associée principale au German Institute for International and Security Affairs, explique:
« L’impact des sanctions sur l’économie russe est très inégal. Dans certains secteurs, il a été catastrophique, comme l’industrie automobile. Le secteur pétrolier est relativement épargné pour l’instant. […] Ces secteurs [l’informatique et la finance] ont eu les liens les plus forts avec l’Occident et sont par conséquent ceux qui souffrent le plus. »
Cependant, les analystes précisent que les bénéfices engendrés par l’énergie ne compensent qu’une partie des dommages causés par les sanctions. À noter, l’informatique et la finance sont les secteurs les plus touchés de l’économie russe, du fait des liens étroits avec l’Occident.
Les prévisions
Alors que la Russie augmente ses bénéfices, le document du ministère indique, pour l’année prochaine, une diminution des recettes d’exportation d’énergie. Les prévisions estiment des recettes à 255,8 milliards de dollars.
En comparaison, ces recettes restent toujours plus élevées que 2021 (244,2 milliards de dollars). Suite à ce document ministériel, le ministère de l’Économie n’a pas souhaité s’exprimer sur le sujet.
Selon les prévisions, le gaz devrait voir son prix moyen à l’exportation doubler pour atteindre 730 dollars par 1.000 mètres cubes. Puis, le prix de cette ressource devrait diminuer progressivement jusqu’à la fin de 2025.
Concernant les recettes de Gazprom, les volumes devraient tomber à 170,4 milliards de mètres cubes (bcm) cette année. À savoir, les prévisions publiées en mai estimaient des volumes à 185 bcm. En 2021, les volumes exportés représentent 205,6 bcm.
Dans ces conditions, la Russie s’attend, cette année, à un recul de son PIB de 4,2% et une chute de ses revenus réels disponibles de 2,8%.
Ainsi, le bond des revenus russes permet à Moscou de tenir face aux sanctions occidentales.