À La Réunion, un projet d’unité de valorisation énergétique est en développement pour transformer les déchets ménagers en électricité. Porté depuis 2014 par Ileva, le syndicat mixte de traitement des déchets des microrégions sud et ouest, ce projet prévoit de détourner chaque année environ 240 000 tonnes de déchets de l’enfouissement. L’unité produira de l’électricité à partir de combustibles solides de récupération (CSR), dérivés des déchets ménagers, pour couvrir 10 % des besoins énergétiques locaux. Le coût total du projet est estimé à environ 400 millions d’euros.
Technologie avancée au cœur du projet
Ce centre de tri ultramoderne sera équipé d’un trieur optique doté d’intelligence artificielle (IA), capable de détecter et de séparer automatiquement les déchets valorisables. Eddy Lebon, à l’origine du concept, souligne l’importance stratégique de cette technologie, qui permet d’optimiser le processus de tri grâce à l’identification rapide des matériaux recyclables. La mise en service complète de ce pôle multifilières est prévue d’ici deux ans. Le CSR généré présente des émissions de CO₂ inférieures à celles du gaz naturel ou du charbon, selon les données fournies par Ileva.
Diversification des sources énergétiques locales
Actuellement, La Réunion couvre environ 93 % de ses besoins électriques par des sources d’énergies renouvelables, indique l’Agence régionale de l’énergie et du climat, Énergies Réunion. EDF a remplacé le fioul lourd par du biodiesel dans la centrale du Port, couvrant 40 % des besoins de l’île. Le producteur Albioma a quant à lui converti ses deux centrales thermiques, également à hauteur de 40 %, passant du charbon à des ressources telles que les pellets de bois importés et la bagasse locale.
Cependant, la dépendance aux importations reste une problématique majeure pour l’île, qui reçoit annuellement 750 000 tonnes de pellets en provenance principalement d’Amérique du Nord, d’Europe, et de la zone Indo-Pacifique. Pour répondre à l’objectif fixé par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), soit atteindre une autonomie énergétique complète d’ici 2030, Albioma développe également une unité locale de production de CSR. Celle-ci, située dans le nord de l’île, devrait produire 66 GWh par an, soit environ 5 % des besoins électriques totaux de La Réunion, à partir de 2026.
Complémentarité avec d’autres sources d’énergie
Parallèlement, l’île investit aussi dans des infrastructures de production photovoltaïque, éolienne et de biogaz, représentant actuellement respectivement 9,5 %, 0,5 % et 0,5 % de la production électrique totale. Malgré ces initiatives, l’agence régionale de l’énergie souligne les délais importants liés à la concrétisation de ces projets alternatifs, estimant leur pleine opérationnalité d’ici 10 à 15 ans. Albioma a également ouvert une unité dédiée à la biomasse locale à Bois-Rouge, capable de traiter jusqu’à 50 000 tonnes par an, afin de réduire progressivement sa dépendance aux importations.
La réalisation effective de ces multiples projets énergétiques reste essentielle pour La Réunion afin d’atteindre ses objectifs d’indépendance énergétique dans les délais fixés par la PPE.