L’électricien public tchèque ČEZ pilote le processus d’attribution du contrat visant à construire de nouvelles unités nucléaires pour renouveler le parc du pays. Après examen approfondi, ČEZ a transmis ses recommandations au gouvernement sur les soumissions du français EDF et du sud-coréen KHNP.
Une évaluation rigoureuse
Plus de 180 experts ont minutieusement analysé les volets financiers, commerciaux et techniques des deux offres, suivant la méthodologie préconisée par l’Agence internationale de l’énergie atomique. Selon Tomáš Pleskač de ČEZ, tous les coûts et risques ont été chiffrés, les offres étant comparées sur le critère du prix par MWh produit par chaque réacteur proposé.
Réacteurs de dernière génération
Le Français EDF a proposé son EPR1200, un réacteur à eau pressurisée de 3e génération dérivé de l’EPR dont deux exemplaires sont en chantier à Hinkley Point au Royaume-Uni. Le Sud-Coréen KHNP mise sur l’APR1000, un réacteur avancé de conception coréenne entré en service commercial en 2016. Les deux ont noué des partenariats avec l’industrie locale tchèque.
Vers un choix définitif
Après avoir pris connaissance des conclusions de ČEZ, le gouvernement tchèque devrait désigner en juillet le soumissionnaire retenu. L’objectif est de boucler d’ici mars 2025 les contrats pour un démarrage de la première nouvelle tranche nucléaire en 2036. Même si un constructeur est recommandé, ČEZ envisage de relancer des négociations avec le second si les termes contractuels s’écartent trop de l’offre initiale.
Un soutien public indispensable
Pour ce chantier nucléaire colossal, Prague a obtenu en mai le feu vert européen pour un ensemble de mesures d’aides publiques cruciales. Elles prévoient notamment un contrat d’achat à long terme, un prêt d’État pour la construction et des garanties face aux aléas réglementaires. Un cadre robuste était requis pour sécuriser un investissement de plusieurs milliards d’euros.
Renforcer la part du nucléaire
Avec les centrales actuelles de Dukovany et Temelín, le nucléaire assure déjà un tiers de la production électrique tchèque. Le nouveau projet doit permettre d’augmenter cette part pour répondre aux défis énergétiques et climatiques, grâce à des réacteurs ultrasûrs et compétitifs. Qu’elle soit conduite par EDF ou KHNP, cette relance nucléaire consolidera les compétences industrielles locales, conformément à la stratégie nationale. Elle doit aussi aider le pays à réduire ses émissions de gaz à effet de serre.
Le processus d’appel d’offres démontre la rigueur du choix du futur partenaire industriel et financier. Au-delà de l’aspect économique, les critères de sûreté, de transfert de technologies et de souveraineté énergétique ont pesé dans l’analyse finale de ČEZ. La décision estivale du gouvernement entre Français et Coréens sera stratégique pour les prochaines décennies.