L’ex-CEO de Shell, Ben van Beurden, a vu sa rémunération atteindre 9,7 millions de livres (11,4 millions d’euros) en 2022, soit une augmentation de 53% par rapport à l’année précédente. Cette flambée s’explique en partie par l’envolée des prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine, qui a permis aux majors pétrolières de réaliser des profits record. Shell a ainsi enregistré un bénéfice net part du groupe de 42,3 milliards de dollars, le plus élevé jamais enregistré par la société.
Un salaire disproportionné par rapport à la moyenne britannique
Cependant, cette rémunération record a suscité de vives réactions, notamment de l’ONG anti-corruption Global Witness, qui a souligné que la paie de Ben van Beurden représentait 294 fois le salaire médian britannique. Pour l’organisation, cette situation met en lumière les dysfonctionnements du système énergétique actuel et l’urgence de trouver des alternatives renouvelables et moins polluantes.
BP et Shell misent sur la rentabilité plutôt que sur la transition énergétique
Malgré les appels à la transition énergétique, Shell et BP ont récemment mis l’accent sur la rentabilité et l’attrait pour les investisseurs. BP a ainsi annoncé sa décision de ralentir sa production de pétrole et de gaz moins rapidement que prévu, tandis que Shell a justifié son choix de privilégier la rentabilité en affirmant que la durabilité sans rentabilité nuit au soutien des actionnaires et à la capacité financière à participer à la transition énergétique.
Une taxe exceptionnelle réclamée pour financer la transition énergétique
Global Witness a appelé le gouvernement britannique à mettre en place une taxe exceptionnelle pour financer la transition vers des sources d’énergie renouvelables moins polluantes et moins chères. Cette taxe devrait prendre en compte les bonus des hauts dirigeants, selon l’ONG.
Harbour Energy déplore l’impact disproportionné de la taxe exceptionnelle
Cependant Harbour Energy déplore l’impact disproportionné de la taxe exceptionnelle déjà en place pour les « sociétés indépendantes de pétrole et gaz qui opèrent principalement au Royaume-Uni », contrairement aux grandes majors internationales. Cette taxe a « effacé quasiment tout notre bénéfice de l’année » et « nous a conduits à réduire notre investissement et nos effectifs », selon la directrice générale Linda Cook. Harbour Energy envisage même de réduire son niveau d’activité au Royaume-Uni au second semestre.
La rémunération record de Ben van Beurden illustre la fracture entre les hauts dirigeants des compagnies pétrolières et la population, qui réclame une transition énergétique rapide et efficace. La mise en place d’une taxe exceptionnelle pour financer cette transition semble être une solution envisagée par certains, mais suscite des inquiétudes.