La République démocratique du Congo (RDC), premier producteur mondial de cobalt, est en train de réviser sa politique concernant les exportations de cobalt hydroxide. Cette révision intervient après l’application d’une interdiction temporaire, imposée depuis février dernier pour contrer une saturation du marché international causée par l’augmentation rapide de la production minière. À la suite de cette mesure, le prix mondial du cobalt a connu une hausse substantielle, doublant quasiment entre février et mai. Malgré ces résultats, les autorités congolaises envisagent désormais d’instaurer un système de quotas pour mieux gérer les exportations, en réponse aux pertes fiscales importantes dues à l’interdiction actuelle.
Impact immédiat sur les marchés internationaux
Depuis l’entrée en vigueur de l’interdiction en février, le prix du cobalt est passé de 5,60 dollars à près de 11,80 dollars la livre, soulignant l’influence immédiate des restrictions imposées par la RDC sur le marché mondial. Cependant, les effets économiques internes sont contrastés : la RDC a enregistré une réduction importante de ses recettes fiscales liées à ces exportations. Ce manque à gagner pousse aujourd’hui le gouvernement à privilégier une solution intermée sous la forme de quotas d’exportation afin de continuer à tirer profit des ressources nationales tout en maintenant un contrôle sur le marché international. Une décision finale concernant cette mesure doit être prise avant le 22 juin, date à laquelle expire l’interdiction actuelle.
Les entreprises majeures actives dans le secteur ont réagi différemment à la situation actuelle. Le groupe minier chinois CMOC Group appelle à une levée rapide des restrictions, affirmant que les stocks disponibles en Chine sont en diminution constante, ce qui pourrait précipiter une accélération vers des alternatives aux batteries au cobalt comme les batteries lithium-fer-phosphate (LFP). À l’inverse, la société suisse Glencore défend une stratégie plus conservatrice, favorable à l’introduction d’un système de quotas. Cette entreprise estime que la régulation contrôlée des volumes d’exportation assurera une meilleure stabilité économique pour le marché mondial du cobalt.
Coopération potentielle avec l’Indonésie
Parallèlement, la RDC envisage de coopérer avec l’Indonésie, autre acteur clé du marché du cobalt, pour coordonner la gestion de ces futurs quotas d’exportation. Ce partenariat potentiel viserait à renforcer la stabilité des prix au niveau international, offrant aux deux pays une position de négociation consolidée sur le marché mondial des métaux stratégiques. Les détails et l’étendue d’une telle coopération restent cependant encore à préciser, et aucun accord officiel n’a été annoncé pour l’instant.
L’évolution du marché mondial du cobalt dépendra fortement de la capacité des producteurs, dont la RDC, à anticiper les tendances technologiques et industrielles, en particulier dans le secteur automobile. Alors que la demande en cobalt demeure élevée, l’apparition croissante des technologies alternatives aux métaux stratégiques pourrait transformer en profondeur les dynamiques actuelles. Cette perspective pousse les acteurs du marché à surveiller étroitement les prochaines décisions politiques et économiques de la RDC concernant le cobalt.