La raffinerie Dangote, l’une des plus grandes en Afrique avec une capacité de 650 000 barils par jour, fait face à un défi crucial : l’insuffisance d’approvisionnement en brut nigérian. Bien que la réglementation impose aux producteurs de prioriser l’approvisionnement des raffineries locales, Dangote ne parvient pas à obtenir les volumes nécessaires pour fonctionner à pleine capacité. En septembre, sur les 15 cargaisons requises, seulement six ont été allouées par la Nigerian National Petroleum Corporation (NNPC), exposant la raffinerie à des risques de sous-performance.
Le problème d’approvisionnement est exacerbé par les exigences des compagnies pétrolières internationales (IOC) qui imposent des primes de 3 à 4 dollars par baril pour fournir le brut nigérian. Ces conditions difficiles poussent Dangote à envisager des alternatives d’importation, augmentant les coûts opérationnels et compliquant davantage la gestion des flux de trésorerie, déjà impactés par la dépréciation du naira.
Un défi majeur pour la production
La situation met en lumière des dysfonctionnements dans l’application des obligations de fourniture domestique par la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC). Dangote a exprimé des inquiétudes quant à l’inefficacité de ces régulations, soulignant que la raffinerie pourrait être contrainte de réduire sa production si les approvisionnements en brut ne s’améliorent pas.
La sous-performance de la NNPC dans ses livraisons, qui s’établissent à 82 000 barils par jour au lieu des 300 000 prévus, est un facteur clé dans cette crise. En conséquence, les objectifs de production de la raffinerie, qui vise 85 % de sa capacité installée d’ici la fin de l’année, sont sérieusement menacés. Cette situation met également en lumière les tensions croissantes entre les différents acteurs du secteur, qui doivent naviguer dans un environnement de plus en plus complexe.
Le recours aux importations de brut, principalement des États-Unis avec le WTI Midland, ajoute une couche supplémentaire de complexité. Dangote a déjà importé environ 15 millions de barils de ce brut pour maintenir ses opérations. Cette dépendance à l’importation, bien qu’une solution temporaire, ne peut pas être une stratégie à long terme pour la raffinerie, compte tenu des coûts élevés et des risques liés aux fluctuations du marché international.
Les pertes liées aux fluctuations du naira, qui s’élèvent à environ 2,7 trillions de nairas pour l’année 2023, soulignent l’urgence de trouver des solutions durables. Le gouvernement nigérian a récemment autorisé l’achat de 450 000 barils de brut en nairas, dans le but de réduire l’impact des fluctuations de la monnaie locale sur les opérations de la raffinerie. Cependant, cette mesure ne compense pas totalement les défis auxquels est confronté Dangote.
L’évolution du secteur pétrolier nigérian et les résultats futurs de la raffinerie dépendront largement de la capacité des régulateurs à renforcer l’application des obligations de fourniture domestique et de la coopération entre les différents acteurs. Le succès de la raffinerie Dangote est crucial non seulement pour l’entreprise elle-même, mais aussi pour l’ensemble de la chaîne de valeur pétrolière du Nigeria et pour les ambitions énergétiques du pays.