Dans la ville de Schwedt, située à l’est de l’Allemagne, la raffinerie PCK opère depuis janvier 2023 sans pétrole russe, conséquence directe de l’embargo imposé par l’Union européenne après l’offensive militaire russe en Ukraine. Cette rupture d’approvisionnement historique, via l’oléoduc Droujba construit dans les années 1960, continue de peser sur la viabilité économique du site et sur l’emploi local.
Une capacité de production en déclin et un avenir incertain
Ancien fleuron industriel de la République démocratique allemande, la raffinerie de Schwedt emploie environ 1 200 personnes et fonctionne aujourd’hui à près de 80 % de ses capacités. Privée de brut russe, elle dépend désormais de livraisons par les ports de Rostock et Gdansk, une configuration logistique qui a entraîné une hausse des coûts de production. Le site traite actuellement 25 types de pétrole différents, ce qui affecte ses marges et place ses comptes dans une situation déficitaire, selon Danny Ruthenburg, président du comité d’entreprise.
Pressions politiques croissantes en faveur d’un retour au pétrole russe
La montée du parti d’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD), favorable à une levée des sanctions, amplifie les appels à restaurer les relations énergétiques avec Moscou. Peggy Lindemann, conseillère municipale AfD à Schwedt, affirme que l’embargo nuit davantage à l’économie allemande qu’à celle de la Russie. Cette position trouve un écho inattendu chez Dietmar Woidke, président social-démocrate du Brandebourg, qui a exprimé publiquement son souhait d’un retour à des échanges économiques normaux avec la Russie.
Une raffinerie sous tutelle et sans acquéreur
Majoritairement détenue par Rosneft Deutschland, la raffinerie de Schwedt est placée sous contrôle du gouvernement allemand depuis septembre 2022. Cette tutelle a été prolongée en mars avec l’engagement que Rosneft céderait sa participation. Toutefois, selon des révélations du média allemand Correctiv, aucun acquéreur ne s’est manifesté à ce jour, tandis que le dossier aurait été évoqué lors d’échanges diplomatiques entre les États-Unis et la Russie.
Le facteur géopolitique des infrastructures énergétiques
Parallèlement au cas de Schwedt, des discussions autour d’une possible relance des gazoducs Nord Stream reliant la Russie à l’Allemagne par la mer Baltique ont été signalées par le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Bien que le gouvernement allemand reste opposé à tout rétablissement des flux énergétiques en provenance de Russie, la combinaison d’intérêts économiques et de pressions sociales complique le maintien de la ligne dure adoptée depuis 2022.