Invité sur le plateau du Grand Jury sur LCI dimanche 26 septembre 2021, le Commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton revient sur la pénurie d’énergie qui frappe l’Europe. Une « situation de tension qui peut durer tout l’hiver » prévient-il.
La pénurie d’énergie va toucher « tous les européens »
Thierry Breton déclare en préambule que la hausse des prix de l’électricité, du gaz et des carburants va toucher « tous les européens » sur une période qui pourrait s’étendre jusqu’au printemps 2022. Interrogé sur le rôle que peut jouer l’Union Européenne (UE), le Commissaire européen dévoile un plan d’action.
L’UE prépare ainsi une « boite à outil » qui sera mise en place « début octobre ». Celle-ci devrait permettre à chaque État membre d’intervenir et de redistribuer de l’argent ou de l’énergie. Les commissaires se réuniront à ce sujet courant de la semaine annonce Thierry Breton.
En parallèle, certains pays de l’UE s’organisent déjà pour faire baisser la facture des ménages. En ce sens, la Grèce annonçait mi-septembre 2021 la mise en place d’une allocation sur l’électricité pour les ménages les plus précaires. De leur côté, la France et l’Italie prévoient une augmentation du chèque énergie.
Entre coronavirus, baisse de l’offre et trouble géopolitique
Plusieurs causes expliquent la pénurie d’énergie à l’origine de la hausse des prix. D’abord, le Commissaire rappelle la survenance de la pandémie de coronarivus. Celle-ci ayant eu pour effet de ralentir et de dérégler les flux énergétiques. Il ajoute ensuite que la mise en route de la transition énergétique pose des problématiques de gestion structurelle de l’offre d’énergie.
La fermeture de nombreux puits de pétrole et gaz a en effet baissé mécaniquement l’offre. Les mauvaises conditions météorologiques ont également joué un rôle important pour les énergies renouvelables. Puisque l’Europe n’a que très peu été balayée par les vents ces dernières semaines, le Royaume-Uni par exemple, fortement pourvu en éolien, a fait face à une situation délicate.
Enfin, une raison géopolitique trouble les perspectives. De nombreux pays de l’UE, comme l’Allemagne, sont « trop dépendant au gaz russe ». La Russie est même soupçonnée de réduire son offre pour maintenir cette tension sur les prix européens.
Continuer la transition énergétique et conserver le nucléaire ?
Interrogé sur comment répondre sur le long terme à cette crise, Thierry Breton rappelle que l’UE est engagée « dans une transition énergétique très importante ». Dans cette course à l’élimination des émissions de carbone, l’Europe doit donc se doter d’un mix électrique efficace. Pour le Commissaire au marché intérieur cela passe par le maintien du nucléaire.
Il rappelle ainsi que le nucléaire représente aujourd’hui 25% du mix électrique de l’UE. Sa part devrait passer à 16% du mix d’ici à 2050. Mais dans le même temps, les besoins en énergies devraient doubler. Or, tout en rappelant le futur rôle que jouera l’hydrogène, il reste évasif quant à la construction de futur réacteurs.
« Je pense sincèrement qu’à partir du moment où une centrale peut continuer à fonctionner, il me semble du bon sens de faire en sorte de la laisser fonctionner » déclare-t-il.
La pénurie d’énergie qui touche l’Europe et qui devrait s’étendre jusqu’à la fin de l’hiver est donc conséquence de plusieurs causes distinctes. L’achèvement du gazoduc Nord Stream 2 et son exploitation prévue pour la fin de l’année 2021 pourraient réduire ses effets. En revanche, cela interroge d’autant plus sur la dépendance de l’UE à un pays tiers pour des ressources aussi stratégiques.