La coalition d’opposition Burundi Bwa Bose a averti que la pénurie persistante de carburant dans le pays menace le déroulement normal des élections législatives prévues le 5 juin. Dans une déclaration publiée le 3 avril, son président Patrick Nkurunziza a affirmé que les déplacements des candidats sont fortement entravés, compromettant les campagnes de terrain et le lien avec les électeurs.
Le Burundi, pays enclavé d’Afrique de l’Est sans ressources pétrolières, dépend entièrement des importations pour sa consommation de carburant. Cette vulnérabilité s’est traduite par une aggravation continue des pénuries ces dernières années, poussant les prix de l’essence sur le marché noir à des niveaux cinq fois supérieurs au tarif officiel. Cette situation a des répercussions économiques et politiques directes, notamment sur la logistique électorale.
Gestion publique et pressions économiques internes
Dans sa déclaration, Patrick Nkurunziza a également dénoncé un contexte économique marqué par la dépréciation de la monnaie burundaise et la flambée des prix des produits essentiels, notamment les carburants, les produits alimentaires et les médicaments. Il a attribué cette détérioration à ce qu’il qualifie de mauvaise gouvernance publique et de décisions économiques inadaptées prises depuis l’arrivée au pouvoir du gouvernement actuel.
La coalition a mis en cause les détournements de biens publics et les actes de corruption au sein de l’administration. Ces pratiques sont, selon elle, au cœur des déséquilibres structurels qui affectent le pays et nuisent à la crédibilité des institutions. Le cadre dans lequel les élections doivent se tenir apparaît ainsi affecté par des conflits d’intérêts entre les responsables publics et les opérateurs économiques.
Tensions politiques et climat institutionnel
Burundi Bwa Bose est devenue la principale force d’opposition après l’exclusion du chef historique Agathon Rwasa, jugé inéligible pour les élections de juin. Cette décision a accentué la polarisation politique, dans un pays où la compétition électorale reste fortement marquée par l’influence des pouvoirs en place sur les mécanismes institutionnels.
Depuis 2020, le président Evariste Ndayishimiye s’efforce de tourner la page de l’isolement international qui avait caractérisé le régime de son prédécesseur, Pierre Nkurunziza. Toutefois, selon le dernier indice de perception de la corruption de Transparency International, le Burundi figure toujours parmi les pays les plus concernés par cette problématique, se classant au 162e rang sur 180 en 2024.