La Norvège a officiellement transmis à plusieurs pays voisins une proposition de programme d’étude d’impact environnemental pour un projet de centrale nucléaire, marquant une étape réglementaire majeure dans le développement du site prévu entre les municipalités d’Aure et de Heim. Cette procédure est menée dans le cadre des obligations internationales définies par la Convention d’Espoo, qui impose la consultation transfrontalière pour les projets susceptibles d’avoir un impact environnemental significatif au-delà des frontières.
La centrale, qui serait construite dans le parc industriel de Taftøy, est portée par le développeur Norsk Kjernekraft. Elle devrait comprendre plusieurs réacteurs modulaires de petite taille (Small Modular Reactors, SMR), avec une capacité totale estimée à 12,5 térawattheures (TWh) par an, selon les plans initiaux. Le projet est encore en phase de planification et nécessite de franchir plusieurs étapes réglementaires avant d’aboutir à une éventuelle demande de permis de construire.
Des ministères impliqués dans l’évaluation préalable
En amont, quatre ministères norvégiens – celui de l’Énergie, de la Santé et des Services de soins, de la Justice et de la Sécurité publique, ainsi que celui du Climat et de l’Environnement – ont mandaté les autorités techniques du pays pour établir un programme d’évaluation d’impact environnemental. Trois organismes – la Direction norvégienne des ressources en eau et de l’énergie, l’Autorité de radioprotection et de sûreté nucléaire et la Direction de la protection civile – ont été chargés de cette mission.
Une première phase de consultation publique a été lancée au niveau national au printemps 2024, avec un délai de réponse fixé à l’automne. La nouvelle phase transfrontalière permet aux pays voisins d’examiner le programme et de formuler leurs commentaires avant le 6 janvier 2026. Les retours seront ensuite transmis au ministère de l’Énergie, qui supervise le projet.
Un jalon pour la stratégie nucléaire norvégienne
Il s’agit du premier projet nucléaire de Norsk Kjernekraft à atteindre ce niveau d’avancement. L’entreprise développe actuellement dix projets similaires dans différentes municipalités. Selon elle, l’aboutissement de cette consultation marquera un tournant réglementaire pour l’ensemble de ses initiatives à l’échelle nationale.
« Une fois la notification aux pays voisins terminée, le ministère pourra valider le programme d’évaluation final », a déclaré l’entreprise. « Cela définira une méthodologie claire pour traiter les autres projets en attente. » Le directeur général Jonny Hesthammer a estimé que cette procédure accélérée pourrait faire gagner un an par rapport à un processus parlementaire complet.
Selon la société, la concrétisation de l’ensemble des dix projets pourrait permettre à la Norvège de doubler sa production électrique actuelle d’ici 2050.