L’Europe continue de s’approvisionner massivement en gaz naturel liquéfié (GNL) auprès des États-Unis, qui surpassent les fournitures russes et qatariennes depuis 2020. Parallèlement, la Norvège maintient un flux régulier via ses pipelines, essentiels pour les réserves européennes pendant la période de stockage. Cette dynamique souligne l’importance stratégique de diversifier les sources d’approvisionnement en gaz pour assurer la sécurité énergétique du continent.
Analyse des flux de GNL et de gaz
Les États-Unis ont émergé comme le fournisseur le plus important de GNL pour l’Europe depuis 2021, prenant la place de la Russie en 2020 et du Qatar en 2021. Selon les données de S&P Global Commodity Insights, les États-Unis ont fourni 4,4 milliards de mètres cubes (Bcm) de GNL à l’Europe (hors Turquie) en mai, soit plus du double des 2 Bcm reçus de la Russie. Sur les cinq premiers mois de l’année, l’Europe a importé 29,2 Bcm de GNL des États-Unis, contre 10,5 Bcm de la Russie. Comparativement, l’année précédente, ces chiffres étaient de 34,4 Bcm et 9,2 Bcm respectivement.
Cependant, les conditions économiques favorables en Asie ont réduit les livraisons américaines vers l’Europe en mai. Alors que l’Asie offrait de meilleurs retours financiers, les cargaisons de GNL américaines ont été détournées. Les livraisons de GNL du projet Yamal en Russie sont restées relativement stables depuis le début de l’année, reflétant une continuité dans l’approvisionnement malgré les tensions géopolitiques.
Impact économique des arbitrages géographiques
L’arbitrage géographique a joué un rôle crucial dans la répartition des cargaisons de GNL. Les exportations américaines vers l’Europe ont diminué, passant de 71 cargos en janvier à 43 en mai, en raison de meilleures perspectives économiques en Asie. « Les marges bénéficiaires plus élevées en Asie ont commencé à détourner les cargaisons américaines dès la fin de l’hiver dernier, » a déclaré Alija Bajramovic, analyste principal pour le GNL européen et russe chez S&P Global Commodity Insights. Par exemple, le DES Northwest European marker pour août était évalué à 10,815 $/MMBtu le 20 juin, contre 12,872 $/MMBtu pour le JKM, le prix de référence pour les cargaisons de GNL destinées à l’Asie du Nord-Est.
Cette divergence de prix a exclu les acheteurs européens de la compétition mondiale pour les cargaisons maritimes. Alors que la demande européenne reste relativement faible, les vagues de chaleur en Asie ont maintenu une forte demande pour le refroidissement, augmentant la dépendance à l’égard des importations de GNL.
Rôle des approvisionnements norvégiens
Pendant ce temps, les flux de gaz norvégiens vers l’Europe ont continué d’être la source la plus solide de gaz par pipeline. Au cours des cinq premiers mois de l’année, l’Europe a importé 37,5 Bcm de gaz de la Norvège, selon les données de S&P Global Commodity Insights. Ce flux constant est vital pour répondre aux besoins de stockage de l’Europe, surtout pendant les périodes de faible demande.
En comparaison, environ 50 millions de mètres cubes par jour de gaz sont exportés de la Russie via le pipeline TurkStream, et environ 40 millions de mètres cubes par jour transitent par l’Ukraine vers l’Europe centrale. Alija Bajramovic a précisé que « la part plus élevée des exportations totales [de gaz et de GNL] de la Russie vers l’Europe est davantage due à une faible demande de GNL en raison de la demande globale faible de gaz, plutôt qu’à un changement des schémas d’approvisionnement vers l’Europe. La Russie reste un fournisseur marginal de gaz pour l’Europe. »
L’approvisionnement en GNL et en gaz naturel vers l’Europe demeure crucial pour la sécurité énergétique du continent. Malgré une baisse des livraisons américaines due à des conditions économiques plus avantageuses en Asie, la Norvège et les États-Unis continuent de jouer un rôle central. Leur capacité à ajuster les flux en fonction des conditions du marché souligne leur importance stratégique pour l’Europe. La diversification des sources d’approvisionnement reste une priorité pour atténuer les risques géopolitiques et économiques, assurant ainsi une stabilité énergétique à long terme pour le continent.