La Nigerian National Petroleum Company Limited (NNPC Ltd) a annoncé qu’elle ne céderait pas la raffinerie de Port Harcourt, revenant ainsi sur une orientation envisagée en 2024. Le directeur général, Bayo Ojulari, a affirmé que l’installation resterait sous le contrôle de l’État et ferait l’objet d’une réhabilitation conçue pour garantir sa viabilité à long terme.
Ce changement de stratégie intervient alors que le site représente un lourd fardeau financier pour la société. La raffinerie, dégradée depuis plusieurs années, génère chaque mois entre 300 et 500 millions de nairas (soit entre $200 000 et $333 000) de charges d’exploitation. Conçue pour traiter 210 000 barils de brut par jour à travers deux unités distinctes, elle n’en transforme actuellement qu’environ 40 %, ce qui limite son rendement et alourdit la pression sur les comptes de la NNPC Ltd.
Programme de maintenance réévalué
La réhabilitation de Port Harcourt s’inscrit dans un programme global qui incluait également les raffineries de Warri et de Kaduna, évalué à $3 milliards. L’investissement prévu pour Port Harcourt seul, estimé à $1,5 milliard, a été suspendu afin de réévaluer le calendrier et les modalités des travaux. La direction indique vouloir concentrer les efforts sur une maintenance approfondie et progressive, plutôt qu’une cession d’actifs stratégiques.
Cette décision intervient dans un pays qui importe encore la majorité de ses carburants, malgré sa place de premier producteur africain de brut. En août, la production pétrolière a atteint 1,71 million de barils par jour, en hausse de 10 % par rapport à juillet 2024, selon la Nigerian Upstream Petroleum Regulatory Commission (NUPRC). Cette dépendance aux importations de produits raffinés reste un enjeu central pour l’économie nigériane.
Une stratégie ajustée face aux nouvelles capacités
Le maintien de Port Harcourt intervient alors que la raffinerie de Dangote, d’une capacité annoncée de 650 000 barils par jour, démarre progressivement ses activités. Cette infrastructure privée modifie déjà les dynamiques d’approvisionnement du marché local et pourrait réduire significativement la facture des importations dans les prochaines années.
En confirmant sa décision, la NNPC Ltd entend conserver le contrôle de ses installations de raffinage et investir dans leur maintenance. La raffinerie de Port Harcourt reste ainsi au cœur de la stratégie nationale, avec pour objectif de sécuriser l’approvisionnement en carburants et de limiter l’impact budgétaire des importations.